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Azrou, un terrain miné de Bombonnes

Mars 1999, région Zarrouka, à la périphérie d’Ifrane. Au matin d’une belle journée printanière, la nouvelle fait l’effet d’une bombe : quatre personnes d’une même famille, dont un handicapé, furent totalement carbonisées suite à l’explosion d’une bombonne de gaz. Toute la population était sous le choc. Une année après, une étudiante d’Azrou et un richissime arabe des pays du Golf périssent par asphyxie occasionnée par une fuite de gaz. Tout récemment, en mai 2002 à Azrou, une jeune mariée a trouvé la mort suite à une intoxication de gaz. Son époux l’a échappé belle.
Amèrement , les habitants de la région ont à chaque fois le coeur qui bringuebale lorsqu’ils égrènent le chapelet de ces scènes tragiques. La liste des autres victimes, dont la majorité ont été sauvés à l’hôpital 20 Août d’Azrou, est aussi longue.
Les cas des brûlures et des «insuffisances respiratoires aiguës», autrement dit des asphyxies, dont la principale origine sont les bombonnes de gaz, sont le menu quotidien du service des urgences. Comme le confirme une source médicale, «les problèmes liés à l’utilisation du gaz sont de grands pourvoyeurs de cas d’asphyxies qui sont parfois mortelles». Officiellement, selon les statistiques de l’inspection provinciale de la protection civile, en 2001 il y aurait 26 cas d’asphyxiés à Ifrane et 34 cas à Azrou. Avec un décès en 2002 à Azrou. Toutefois, il faut relever que les statistiques de la protection civile pèchent par le manque de détail concernant les origines de plusieurs accidents : on remarque, par exemple, que pour Ifrane, la protection civile est intervenue plus de 1400 fois dont diverses situations dont la cause reste imprécises: 831 fois pour des personnes en danger, 26 pour les asphyxiés, 175 pour les «autres blessés», 104 pour des accidentés et 208 pour des opération diverses.
N’empêche! les victimes du «butane», selon nos sources, deviennent de plus en plus nombreuses. Terrain miné : nonobstant ces faits dramatiques, les autorités compétentes donnent l’impression de ne pas être concernées. Dans une indifférence où l’insouciance le dispute à l’irresponsabilité et à l’inconscience, les dépôts de bombonnes de gaz, situés dans des quartiers résidentiels, continuent à fonctionner au su et au vu de tout le monde. Avec tous les dangers que cela représente pour la sécurité des citoyens.
Pire, un des grands fournisseurs de la région en bombonnes de gaz, n’a pas trouvé mieux que de déposer «ces bombes à retardement» dans une station d’essence, sise au boulevard Hassan II, sur la route de Meknès. Inutile de rappeler ici l’accident survenu au début de l’année, et qui allait «sauter» une station d’essence, lorsqu’une petite bombonne se trouvant dans le châssis d’un camion a explosé, carbonisant au passage sa carcasse et la marchandise avec.
Pourtant, si on en croit un conseiller d’Azrou, la municipalité aurait décidé depuis 1995 d’interdire les dépôts de bombonnes de gaz dans la ville. A voir la réalité, la situation actuelle donne la preuve que les responsables de la ville préfèrent le faux-fuyants. Et adhèrent par conséquent au club des «après moi, le déluge» …. Inacceptable . Azrou est en danger.

• Mohamed Ezzine
Correspondance régionale

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