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Bachar Al-Assad, au nom du père

Chef de l’Etat syrien depuis juillet 2000, Bachar Al-Assad, le fils cadet de Hafez Al-Assad, se destinait tout d’abord à la carrière médicale. Mais le décès de son frère Bassel -dauphin désigné – dans un accident de voiture en 1994 a tôt fait de montrer qu’il avait été pressenti pour succéder à son père.
Né à Damas le 11 septembre 1965, Bachar Al-Assad achevait des études d’ophtalmologie en Angleterre lorsqu’il fut rappelé par son père en 1994 pour assumer les fonctions de son défunt frère comme commandant d’une division blindée de l’armée syrienne. Dès son retour en Syrie, les cercles dirigeants se sont attachés, par une vaste campagne de presse, à rendre Bachar Al-Assad populaire aux yeux du peuple de sorte que son élection à la présidence soit garantie.
L’éventuelle succession de Bachar à son père représentait, selon des cercles proches du pouvoir, « la meilleure garantie de la poursuite de la politique du Président et du maintien de la stabilité en Syrie ». Ce processus de préparation au pouvoir a été brusquement accéléré avec le décès inopiné d’Hafez El-Assad le 10 juin 2000. Le jour même, le Parlement syrien, dès l’annonce de la mort du Président, amendait la disposition constitutionnelle qui fixait à 40 ans l’âge minimum pour devenir Président, abaissant cette limite à 34 ans.
Deux jours plus tard, Bachar était nommé général en chef des forces armées syriennes par le Vice-Président Abdelhalim Khaddam, qui assurait dans l’intérim les fonctions de Chef de l’Etat. Le 25 juin, le Parlement l’a proposé comme Chef de l’Etat, choix qui a été confirmé, pour un mandat de sept ans, par le référendum qui s’est tenu le 10 juillet. Nommé colonel en 1999, Bachar Al-Assad avait été chargé de missions de confiance. Il rendit ainsi une longue visite au Président du Liban, Emile Lahoud, au lendemain de son élection. En novembre 1999, il était reçu en tête-à-tête à l’Elysée par le Président français Jacques Chirac, en une période d’intenses contacts diplomatiques qui virent se succéder en quelques jours à Paris le Premier ministre israélien de l’époque, Ehud Barak et le Roi Abdallah II de Jordanie. Pour Bachar Al-Assad, la transition dynastique suit en apparence son cours. Un cours dessiné méthodiquement par le défunt père Hafez depuis 1994, date de la mort accidentelle de Bassel. Bien sûr, le décès du Lion de Damas aura hâté le tempo de la succession. Mais, conscient des handicaps d’un rejeton peu aguerri, Hafez El-Assad lui avait déblayé le terrain, écartant de son chemin rivaux présumés et vétérans à la loyauté incertaine. Armée, services de sécurité, parti : la purge n’a épargné aucun des trois piliers du régime. Le cadet Assad comptera aussi sur l’expérience de grognards éprouvés, loyaux au nom du père. Tel est le cas du ministre de la Défense, Moustafa Tlass, du chef de la diplomatie syrienne, Farouk El-Charah, ou d’Ibrahim Saafi, général de division chargé de la sécurité de la capitale. Moins exposé, Ibrahim Howeijeh avait quant à lui veillé à la mise en orbite de l’héritier malgré lui, OVNI politique.
La prise de contrôle du parti Baas – paraît moins aléatoire, même si la dérive monarchique du régime heurte les puristes du panarabisme laïque. L’accession au «commandement régional», instance suprême, de figures bacharistes – dont le Premier ministre, Mohammad Miro, et Farouk Al-Chareh – témoigne de la réussite du verrouillage. Dépeint sous les traits de l’héritier intègre, Assad le jeune se verra néanmoins contraint de tempérer ses ardeurs de «M. Propre».
Populaire, la lutte contre la corruption, risque de lui aliéner le soutien d’acteurs économiques. C’est ce qui l’incitera à avancer prudemment sur la voie de l’ouverture et de la privatisation. Bachar doit-il par ailleurs redouter un soulèvement des Frères musulmans? Les experts en doutent. La terrible répression menée dans les années 80 a affaibli les intégristes sunnites. Par ailleurs, après un peu de deux ans et demi après son arrivée au pouvoir, les réformes entamées sous la houlette du président Bachar Al-Assad sont restées bien timides et le régime s’est notablement durci avec une succession de procès politiques.
Sur le plan politique et diplomatique, on se félicite des « relations spéciales établies avec les européens » par le jeune président, particulièrement avec les Français et les Italiens. Mais on souligne que les réformes politiques sont « provisoirement stoppées ». « Car, ajoute-t-on, certains voulaient conduire le pays à l’anarchie en faisant voler en éclats le passé ». Sur le plan diplomatique, les autorités mettent en avant leur objectif de libérer le plateau du Golan, occupé par Israël en 1967 et annexé en 1981.

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