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Badr Berrada : «Le CIH est dans la combine»

ALM : Tout d’abord, comment s’est déroulée l’opération d’achat des villas, objets du litige?
Badr Berrada : Avant tout, je tiens fermement à préciser que cette opération d’achat est purement commerciale. Nous n’avons pas du tout acheté nos logements comme de l’habitat social. Je m’explique. Le prix du mètre carré est de 5.500 DH. C’était le prix du marché, il y a douze ans, date à laquelle la vente a été réalisée. Nous n’avons bénéficié d’aucune faveur. Au contraire. La finition que nous espérions être du haut standing s’est avéré du bas de gamme. Et malgré cela, nous n’avons exigé aucune révision du prix de vente. Nous avons encaissé le coup et dépensé des fortunes pour relooker nos maisons.
En outre, je rappelle que nous avons payé le prix des maisons d’avance, avant même la livraison des clés.
Que s’est-il passé par la suite?
En fait, un an après que nous ayons payé la totalité du prix de vente, reçu nos clés et habité dans nos maisons, le COS-ONE a effectué un transfert d’hypothèque sur nos maisons au profit du CIH. Le COS voulait par cette opération contracter un nouveau crédit et pour cela il a hypothéqué nos titres fonciers, alors que, je le répète, nous avions payé la totalité du prix.
Est-ce que vous êtes passé par un notaire avant de conclure les contrats de vente?
Non. Nous avons traité directement avec le COS-ONE. A ce titre, je tiens à rappeler que le COS est une structure de l’ONE. C’est la direction de l’Office qui est responsable de sa gestion. Dans ses statuts, l’ONE est tenu de cautionner tous les actes de son Comité des Œuvres Sociales. Nous sommes donc en droit d’exiger que l’Office assume les défaillances du COS. D’ailleurs, nous avons des reçus cachetés par le contrôle de gestion de l’ONE. Je ne comprends donc pas cette irresponsabilité de la part de la direction de l’Office.
Si, comme vous dites, vous ne deviez rien au COS-ONE, pourquoi n’avez-vous pas enregistré votre achat auprès du Cadastre?
Certains d’entre nous l’ont effectivement fait. Le tiers environ. Aujourd’hui, eux, ils n’ont aucun problème. Mais les deux tiers restants n’ont pas réussi à obtenir la mainlevée du promoteur, c’est-à-dire, le COS-ONE. C’est ce dernier qui doit attester que nous avons tout payé pour nous permettre ainsi d’enregistrer notre acte.
Mais vous aviez un an pour obtenir cette mainlevée?
Justement, nous avons protesté auprès du COS. Mais on nous a vite calmés. La direction du COS nous a promis de débloquer la situation. Et effectivement, chaque deux ou trois mois, certains d’entre nous recevaient leurs titres fonciers. Ceci dit, le COS-ONE reconnaît que nous avons tout payé, le CIH aussi. Les autorités, quant à elles, nous considèrent comme des victimes.
Pourquoi les choses ont du mal à se débloquer alors?
Pour la simple raison que les deux établissements publics, à savoir, l’ONE et le CIH, ne veulent pas trouver de solution. Je le dis haut et fort: le CIH exploite notre affaire et nos souffrances pour faire pression sur l’ONE. Il veut laisser l’affaire pourrir, monter les surenchères, pour je ne sais quel intérêt.
Que gagne le CIH à faire cela?
C’est la question qu’il faut poser à Khalid Alioua. Je peux vous assurer que le CIH détient des hypothèques sur des biens du COS-ONE beaucoup plus juteuses que la nôtre. Il est capable de rembourser tout ce que le COS lui doit sans toucher à nos maisons. A l’époque de Laâlej, le CIH a reçu des instructions des autorités compétentes pour stopper la vente de nos biens. Il avait même commencé à mettre en branle tout un système qui lui permettra de recouvrer son argent par le biais d’autres logements appartenant au COS.
Quand est-ce que le CIH compte réaliser son hypothèque?
La mise en vente aux enchères de nos maisons est prévue au 30 décembre 2004. Le choix de la date est révélateur. C’est à se demander si les cadres du CIH vont se présenter le jour de la vente pour acquérir nos maisons.
Déjà, le fait d’avoir accepter de transférer les hypothèques sur nos maisons prouve que le CIH est partie prenante dans la combine. Comment une banque aussi importante que le CIH, un professionnel de l’immobilier, peut-il hypothéquer des biens vendus.
Est-ce que vous avez discuté avec Alioua de votre problème?
En l’espace de vingt jours environ, nous avons demandé à le voir à deux reprises. Mais nous n’avons obtenu aucune réponse. Apparemment, nous sommes indésirables au CIH. On vend nos maisons, mais on refuse de nous rencontrer. J’en profite pour demander à M. Alioua pourquoi ne veut-il pas vendre les centres de vacances du COS et choisit de s’acharner sur des citoyens démunis en les jetant dans la rue.
Qu’allez-vous faire, concrètement, si la vente aux enchères et maintenue?
Je préfère garder le silence sur ce point. Ce sera une surprise. Vous savez, les habitants sont entièrement solidaires. Même ceux qui ont obtenu leurs titres fonciers nous soutiennent. Les 150 habitants sont soudés.

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