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Bahi : « La société civile doit bouger »

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ALM : Que pensez-vous de l’attitude européenne à l’égard de l’affaire du Sahara?
Mohamed Ahmed Bahi : En fait, il faut distinguer entre deux aspects, quand on parle de cette question. Il y a d’abord l’opinion publique européenne. Celle-ci joue un rôle extrêmement important, pour l’affaire du Sahara, en Espagne, en Italie ou en Belgique, pour ne citer que ces pays. Des associations qui soutiennent les thèses du polisario sont représentées dans tous les organes officiels européens, y compris le Parlement de Strasbourg.Pour ce qui est de l’Europe officielle, tout le monde sait qu’elle tente toujours de préserver un certain équilibre entre la position marocaine, d’une part et celle du polisario, d’autre part. Malheureusement, le Maroc n’agit qu’au deuxième niveau, c’est-à-dire auprès des gouvernements et des Parlements, en laissant le champ libre au polisario dans la société civile.
Pourtant, plusieurs associations marocaines commencent à bou -ger au niveau de la société civile européenne.
Vous savez, toutes les associations marocaines qui agissent à l’étranger ne sont pas sérieuses. Je vous explique pourquoi. Elles sont financées par l’Etat. Le polisario ne cesse de répéter cela aux Européens. Et aujourd’hui, plus personne ne fait confiance en ces associations.
En quoi l’achat d’un ordinateur ou d’un bureau pour une association est-il condamnable?
Le problème ne s’arrête pas là. Certaines associations sont carrément composées de fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Lorsque ses militants se déplacent à l’étranger, ils touchent de l’argent de poche du gouvernement. Et ça c’est mauvais pour leur crédibilité. Le volontariat est une condition sine qua non pour qu’une association soit convaincante.
Quelle est la solution, selon vous, pour convaincre la société civile européenne du bien-fondé de la cause marocaine?
Il faut, à mon avis, que la société civile marocaine commence à bouger. Il faut faire participer les partis politiques marocains et les acteurs associatifs à cette tâche. Ils doivent nouer des relations fortes avec leurs homologues européens. La position officielle est claire et connue de tous. Reste maintenant les populations européennes. Et pas seulement d’ailleurs. Prenez l’Espagne par exemple. Il y a pas moins de 7.000 Sahraouis. Ils sont, pour la majorité, indécis. Ils rejettent catégoriquement les thèses du polisario, mais ils critiquent sévèrement l’attitude marocaine. Ces gens, personne ne les écoute. Ils représentent cette troisième voie dont le Souverain parle et qui est la seule solution à l’affaire du Sahara.
Justement, que pensez-vous de l’idée d’autonomie élargie?
Je tiens à rappeler que la question de l’indépendance totale est définitivement écartée. De même pour l’intégration totale. C’est ce juste milieu que nous devons débattre. Le Maroc doit avoir le courage de ses idées. Au polisario, des responsables comme Bachir Mustapha Saïd ou même Mohamed Abdelaziz sont prêts à discuter de cette troisième voie. Et moi, personnellement, j’ai des moyens très efficaces pour convaincre les responsables du polisario à rejoindre le Maroc et participer à cette expérience historique d’autonomie élargie qui respecte à la fois l’intégrité territoriale du Maroc et les particularités sahraouies.
Quelles sont les conditions pour que cette autonomie soit vivable?
Il y en a plusieurs. Mais je citerais à titre d’exemple la création de partis politiques. On ne pas prétendre instaurer une autonomie tout en interdisant la création de partis politiques régionaux. C’est pas possible. L’autonomie ne se fera pas avec des formations comme l’Istiqlal, l’USFP ou la Mouvance populaire. Pour revenir à votre question, concernant les conditions, je vous dirais pour résumer que nous avons besoin d’idées claires et de courage pour les réaliser.
Comment être sûr que l’Algérie ne fera pas tout son possible pour semer la zizanie?
Soyez tranquille sur ce point. L’Algérie ne nous laissera jamais en paix. Elle est contre l’autonomie et le restera jusqu’à la fin des temps. A moins qu’une guerre entre nos deux pays ne vienne résoudre les problèmes. Tout ceci, pour vous dire que nous ne devons pas arrêter de travailler sous prétexte que l’Algérie nous veut du mal. Il faut convaincre les Sahraouis et oublier l’Algérie.
D’ailleurs, cette dernière n’accepte qu’une seule solution: expulser le Maroc du Sahara et y instaurer une gestion internationale sous l’égide de l’ONU. Tout autre option est rejetée par les Algériens.

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