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Beaucoup de choses ont changé

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ALM : Transparency vient de publier son nouveau rapport où elle classe le Maroc à la 70ème place. Quelle évaluation faites-vous de ce rapport ?
Bachir Rachidi : Il y a un chiffre qui se dégage du rapport annuel de l’Association Transparency concernant la corruption au Maroc. Notre pays a eu, en effet, droit à une note ne dépassant pas les 3,3 sur 10, et ce sans parler de sa position dans le classement mondial établi à cet effet, sachant que cette année, il y a plus d’une centaine de pays qui sont concernés par ce rapport. Le recoupement entre au moins trois rapports effectués par des organismes fiables et de renommée internationale, sinon plus, montre que la perception du Maroc a régressé par rapport à l’année dernière, puisque nous sommes passés de 4,3 /10 à 3,3/10. Evidemment, on est nettement en arrière par rapport aux années précédentes et plus particulièrement par rapport à l’an 2000 qui a enregistré la meilleure position du Royaume du Maroc, étant donné qu’il se positionnait à la 37ème place, avec 5,4/10 de points.
Comment s’explique, à votre avis, cette régression ?
Durant l’an 2000, le Maroc était donné comme étant une démocratie émergente et une image d’un pays qui lutte pour le développement et contre la corruption. D’autres indices jouaient également dans la consolidation de cette image. Il suffit de rappeler à cet effet, l’amorce d’un nouveau processus de libéralisation et la création d’une instance composée d’acteurs appartenant à différents horizons, notamment de représentants de secteurs public et privé et de la société civile. Au sein de cette instance, nous avons présenté des propositions dans le sens de la confirmation de cet élan. Mais, finalement ce dernier s’est arrêté et nous constatons, à présent, un recul par rapport aux ambitions et aspirations de cette année.
Est-ce que vous voulez dire que l’éclipse de cet élan et la substitution de l’instance chargée de la lutte contre la corruption par un simple organe de moralisation de la vie publique ont eu un effet sur la régression du pays en terme de lutte contre la corruption ?
En effet, le fait de renier certains principes de la citoyenneté, notamment en ce qui concerne la gestion des affaires publiques, ont fait douter les acteurs internationaux et les investisseurs étrangers de la fiabilité du discours officiel et de la teneur des promesses de l’Etat. Mais ce qui est sûr c’est que tout en admettant l’impossibilité de procéder à l’éradication radicale et totale de la corruption, il n’en demeure pas moins important de souligner l’importance d’un engagement solennel et clair dans un processus irréversible. Un processus auquel participent les pouvoirs publics, les acteurs du monde économique et les différentes composantes de la société civile. En bref, quand on voit qu’un pays est engagé dans un processus pareil, on est confiant quant à son avenir et son image s’améliore par conséquent. Mais, cette visibilité est absente, aujourd’hui.
Cela veut-il dire que la gestion du pays s’est détériorée ?
On ne peut certainement pas dire que rien n’a été fait au Maroc. Au contraire, beaucoup de choses se sont améliorées, notamment en ce qui concerne la gestion administrative, l’adoption d’un code sur les marchés publics sur le plan économique. Bien entendu, il y a un travail qui se fait. De notre côté, nous n’avons jamais cessé de faire des propositions dans le sens de l’amélioration du rendement des services de l’Etat, de la moralisation de la vie publique et de la lutte contre la corruption, comme c’est le cas pour l’appel à l’utilisation de la technologie de l’information pour l’acquisition du plus grand nombre possible d’informations, etc…
Est-ce que vous ne voyez pas que le facteur politique est déterminant dans l’évolution de la perception faite à ce sujet ?
La lutte contre la corruption a pour objectif la mise en place d’un système national d’intégrité. Or, parmi les piliers de ce système, l’on trouve le facteur politique. Et tant que ce pilier est faible et fragilisé, l’édifice global continue à en souffrir. Un autre facteur non moins important est celui de la Justice. Or, jusqu’à présent, celle-ci n’est pas en mesure de répondre aux exigences de la transparence. Dans plusieurs domaines, l’on a l’impression de vivre sous le prisme du sentiment d’impunité.
Et que préconise Transparency pour remédier à tous ces problèmes ?
Comme nous l’avons maintes fois signalé, il faut rendre irréversible le processus de lutte contre la corruption et il est encore temps pour recréer le cadre adéquat à cet effet et mettre en place une agence ou une institution qui permet l’échange d’idées, qui soit dotée de prérogatives réelles et à même de contenir en son sein toutes les composantes du pays (pouvoirs publics, acteurs économiques et représentants de la société civile).

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