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Belkacem Boutayeb : «Les banques islamiques pourront jouer un rôle dynamisant pour l’économie marocaine»

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ALM : Comment la finance islamique se développera durant les cinq prochaines années ?
Belkacem Boutayeb : Elle se fera progressivement. Après une période initiale de prise de contact avec les réalités et les complexités du marché marocain, qui pourra durer entre 9 et 18 mois, nous verrons une grande masse de financement de l’immobilier et de l’ hôtellerie «halal» ainsi que les opérations de leasing. Suivra , 2 ans après, la dynamique de financement d’équipements dans les différents secteurs de l’ agriculture, le transport, l’industrie , la pêche ainsi que les financements privés dans la santé, les nouvelles technologies et l’ enseignement privé. Ces banques islamiques, gérées par de véritables professionnels, avec un « conseil de surveillance éthique» composé par des théologiens visant à s’assurer de la conformité des transactions par rapport à la «Chariâa», pourront jouer un rôle dynamisant et positif pour les différents secteurs de l’ économie marocaine.

Comment les banques islamiques contribueraient-elles à l’essor de l’économie nationale ?
Avec le préalable de modification et d’amendement de la loi bancaire, ces banques apporteront une dynamique de compétition saine et de concurrence loyale qui, espérons le , pousseront les banques classiques à adapter et améliorer leurs produits et services existants, par le financement accru des industries marocaines, sur la base du partage des risques, de la responsabilité et des revenus. Ces banques vont favoriser la  «culture entrepreneuriale» qui est en perte de vitesse, ainsi que le climat de confiance dont a cruellement besoin l’environnement des affaires dans notre pays. Je vous laisse imaginer les effets et impacts positifs sur l’emploi, la création de richesse et de croissance qui en découleront.

Dans une récente déclaration à la presse, Nizar Baraka avait fait allusion à l’adoption de nouveaux modes de financement. Quelles seraient, donc, ces nouvelles formules ?
Nizar Baraka a fait allusion à ce «nécessaire» élargissement du paysage financier et bancaire, dans la perspective de «Casa Finance Center» et de l’ ambition légitime du Maroc à se constituer en Hub économique, financier et bancaire du Maghreb et de l’ Afrique, se plaçant progressivement en concurrent de l’ Afrique du Sud. Cette ambition est d’autant plus justifiée et facilitée par la position géostratégique du Maroc par rapport à l’Afrique, à l’ Europe et au Monde arabe. Son statut privilégié avec l’Union européenne, ses accords de libre-échange avec les États-Unis, la Turquie, plusieurs pays Arabes, et dans quelque temps avec la zone africaine de l’ UMOA et avec le Canada, le prédisposent naturellement à être un acteur de taille dans la région. Tout ceci n’ aurait pas de «bon sens» ou de «sens» tout court, si l’on continue à ignorer la nécessaire complémentarité économique des banques islamiques, avec tous les effets positifs connus et reconnus dont bénéficiera l’économie marocaine. Les autres outils de financement, aux côtés des banques islamiques, seront des sociétés d’investissements islamiques, des sociétés de capital risque et des compagnies d’ assurances «Takafole» basées sur la solidarité communautaire.

Qu’en est-il des PME-PMI qui sont vitales pour une économie prospère ?
En espérant avoir 2 ou 3 banques islamiques au cours des 5 prochaines années, les PME-PMI ainsi que les microentreprises pourront accéder à des financements basés sur le capital risque, le capital développement et les opérations de «Moudaraba», «Mourrabaha» et «Moucharaka», propres au financement islamique. Ainsi pourra s’établir, progressivement, un partenariat intelligent entre banques classiques et islamiques dans certaines opérations de syndication de financement de projets structurants, développant systématiquement le partenariat public-privé «P P P». Puisque nous parlons de banques, je dirais que l’Islam ne peut être une religion de simple idéologie, mais c’est aussi un véritable projet sociétal que ces banques islamiques, si elles s’astreignent à la rigueur professionnelle et éthique , pourront porter sur les plans commercial, économique et financier.

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