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Ben Laden refait surface

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En février 2002, un enregistrement audio attribué au chef d’Al Qaïda, Oussama Ben Laden, et diffusé sur la chaîne arabe Al Jazeera avait cité le Maroc parmi les pays « apostats » qu’il convenait de « libérer ». Le pays devenait ainsi une cible potentielle de cette organisation terroriste. C’était la première fois que le Maroc était directement menacé par Ben Laden. Mais, le message n’a pas surpris puisque notre pays, connu pour son respect du droit international, a été le premier Etat arabo-islamique à condamner les attentats du 11 septembre 2001 et à annoncer son engagement ferme dans la lutte mondialement menée contre le terrorisme. Un engagement qu’il allait honorer quelques mois plus tard avec le démantèlement de la cellule dormante d’Al Qaïda. En mai 2002, un groupe de dix personnes, dirigés par trois Saoudiens, avaient été arrêtées et accusées de constituer une « cellule dormante » d’Al Qaïda. Les trois ressortissants saoudiens, Zouhaïr Hilal Tabiti, 26 ans, Hilal Jaber el-Assiri, 31 ans, et Abdallah Msafer Al-Ghamidi, 22 ans, ainsi que des Marocains se préparaient à perpétrer des attentats au Maroc ainsi que contre des navires de l’OTAN dans le détroit de Gibraltar. Un succès des services de sécurité marocains qui provoquera l’hostilité des dirigeants d’Al Qaïda. En effet, c’est la DST marocaine qui réussit à démanteler cette cellule formée par les trois Saoudiens et leurs complices marocains. Formés dans le camp militaire Al Farouk en Afghanistan, les trois Saoudiens préparaient des attentats-suicides contre des navires de guerre anglo-américains opérant dans le détroit de Gibraltar à partir de la ville occupée de Sebta. Ils avaient également envisagé des attentats avec des explosifs contre des sites touristiques, comme la place Jamaa El Fna à Marrakech, et la société de transport CTM. Présentés devant la justice, les trois membres d’Al Qaïda ont été condamnés à dix ans de prison ferme chacun. C’est au cours de l’enquête sur cette affaire que les services de renseignement marocains avaient réussi à établir plusieurs connexions entre l’organisation de Ben Laden et des groupes intégristes marocains. Ainsi, c’est lors des interrogatoires des trois Saoudiens que les noms du fameux Ahmed Rafiki alias Abou Houdaïfa et de son fils Abdelwahab dit Abou Hafss avaient été cités pour la première fois. Abou Houdaïfa, qui vient d’être condamné à dix ans de prison ferme dans le cadre du procès des attentats terroristes de Casablanca, avait accueilli et facilité l’installation au Maroc du Saoudien Thabiti. Une mission dont il a été chargé par le marocain le plus proche de Ben Laden, Abdellah Tabarak, qu’il avait connu en Afghanistan. Rappelons que Abdelawahab Rafiki est le vétéran des Marocains ayant combattu sous les ordres de Ben Laden. Infirmier de formation, il était parmi les proches du chef d’Al Qaïda. Dans les camps de cette organisation, où on l’appelait « le docteur », il avait tout appris sur les techniques utilisées par l’organisation de Ben Laden. De retour au Maroc, il s’occupa des recrutements des jeunes volontaires et de leur départ vers les camps d’entraînement en Afghanistan. Cette mission l’aurait peut-être conduit à connaître des jeunes Marocains comme Mounir El Moutassadek, Zakarias Moussaoui ou Abdelghani Mzoudi, accusés d’avoir participé à l’organisation des attentats terroristes du 11 septembre à New York. Aussi, a-t-il été derrière l’envoi en Afghanistan de certains des jeunes qui ont fini dans les camps de Guantanamo. Les procès et les arrestations des membres de la cellule dormante avaient provoqué des réactions de la part de plusieurs groupuscules intégristes et de leurs « imams » dont le fils d’Abou Houdaïfa, Abou Hafss. Un jeune prédicateur qui s’était distingué par son discours virulent à l’encontre des autorités marocaines. Les prêches du vendredi qu’il prononçait à Fès avaient en effet une connotation takfiriste très spéciale ayant une grande similitude avec celle des prédications de deux autres imams, Mohamed Fizazi à Tanger et Hassan Kettani à Salé. Cette correspondance ainsi que d’autres éléments sonnèrent l’alarme chez les services de sécurité qui, en rassemblant les pièces du puzzle, se trouvèrent devant une nébuleuse intégriste ayant des ramifications nationales et internationales. Il s’agit de la Salafiya Jihadia qui regroupe des groupuscules comme Assirat Al Moustakim et qui avait réussi à s’installer dans plusieurs villes du Maroc et à établir des liens avec le réseau d’Al Qaïda. C’est cette nébuleuse qui a planifié et perpétré les attentats du 16 mai dernier à Casablanca. L’enquête des services de renseignement, qui est toujours en cours pour identifier et mettre hors état de nuire à tous les membres de cette mouvance, a révélé l’existence de connexions avec les arrières bases du réseau d’Al Qaïda en Europe. Ainsi, il est prouvé qu’entre l’affaire de la cellule dormante et celle des attentats du 16 mai, d’une part, et le réseau d’Al Qaïda et la nébuleuse de la Salafiya Jihadia, d’autre part, les connexions sont confirmées. Ce qui prouve que notre guerre contre l’organisation de Ben Laden n’est pas encore finie et que la vigilance est toujours de rigueur.

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