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Benali : «Il faut s’attaquer aux réseaux parallèles»

ALM : Le ministère de l’Economie et des Finances prépare un projet de loi pour lutter contre le blanchiment d’argent. Quel commentaire faites-vous ?
Driss Benali : C’est une guerre qui n’en finit pas de commencer. La lutte contre le blanchiment d’argent est très complexe et nécessite l’implication de tous. Il faudrait avant tout s’attaquer aux réseaux qui sévissent en la matière. Ce qui est loin d’être le cas.
Au Maroc, ces filières parallèles sont-elles corrélées à la drogue ?
Quatre activités sont concernées. Il s’agit du trafic de drogue, de la contrebande, de la contrefaçon et du piratage. Ce sont des formes d’une économie que je qualifie de marécage. C’est-à-dire qu’elle échappe à toute forme de contrôle. Ce sont des activités illicites qui portent un grave préjudice à l’économie nationale, des dysfonctionnements qui ne pourraient que nuire à la bonne marche de toute activité commerciale. Drogue, contrebande, contrefaçon et piratage forment ainsi une économie grise, donc opaque qui se construit sur un non-respect total de la loi.
Peut-on quantifier l’ampleur de ces filières parallèles ?
Il est très difficile de quantifier ce fléau. Pour ce faire, il faudrait mener une enquête approfondie qui toucherait tous les aspects de la situation pour pouvoir arriver à un résultat objectif, ce qui, à ma connaissance, n’a jamais été fait. Rappelez-vous le rapport de l’Observatoire de la drogue sur l’ampleur de ce fléau au Maroc qui a fait couler beaucoup d’encre. Les contestations ont alors fusé de partout.
Quel est le manque à gagner pour le Maroc ?
Il est très difficile de parler d’un manque à gagner pour notre pays. Le coût financier pourrait, bien entendu, être facilement calculable et il suffirait de comptabiliser les droits de douanes non perçus. C’est le cas notamment de la contrebande. Mais ces activités illicites ont un coût économique qui est à mon sens beaucoup plus élevé puisqu’elles empêchent le pays de développer une activité industrielle concurrentielle. Elles ont également un coût social en raison de leur influence néfaste sur la création des emplois liée à l’activité industrielle. Je citerais à ce sujet en tant qu’exemple les conséquences désastreuses de la culture du cannabis sur l’environnement des régions du Nord, notamment à travers la déforestation. Un coût social qui, sur le moyen et le long terme, pourrait se traduire par coût politique énorme.
Quels sont à votre avis les moyens de lutte contre ces filières parallèles ?
La seule solution valable est la mise en oeuvre d’un plan d’action global sur le long terme. Un plan d’action qui sera axé sur des solutions alternatives à ces activités et non sur une attitude répressive qui n’a pas donné ses fruits jusqu’à présent. Des plans de reconversion des régions les plus touchées doivent également être mis en place à travers notamment le renforcement des infrastructures socio-économiques.

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