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Benali : «le pétrole n’est pas le seul en cause»

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Aujourd’hui Le Maroc : Le déficit de la balance commercial a connu lors des dix premiers mois de l’année 2005 une hausse de près de 27%. Quel commentaire faites-vous de ce chiffre ?
Driss Benali : Il faudrait d’abord attirer l’attention sur un fait passé inaperçu. Le Parlement, en adoptant le projet de loi de Finances pour l’année 2005, a voté pour un déficit budgétaire de l’ordre de 3,2%. Un déficit qui, signalons-le, est en passe de terminer l’année avec un taux avoisinant les 4,5%. Il s’agit-là d’une manière très peu élégante de la part du gouvernement de détourner l’attention sur un chiffre pourtant très important pour maintenir les équilibres macroéconomiques. Et ce n’est pas tout. La politique économique gouvernementale doit faire face à présent à deux types de déficits : le premier est d’ordre budgétaire alors que le second est celui de la balance commerciale.

Quelles en sont les raisons à votre avis ?
Le gouvernement marocain trouve de plus en plus de difficultés à boucler son budget annuel. Les recettes de la privatisation se sont taries. Et le ministère des Finances est en train de chercher désespérément de nouveaux créneaux à exploiter. C’est ainsi qu’il s’est rabattu sur l’augmentation de plusieurs taxes. Une manière d’alimenter le budget en colmatant les brèches. Pour le projet de loi 2006, les recettes de la TVA augmenteront de l’ordre de 19,8 % ce qui risque de poser de grands problèmes au gouvernement dans la mise en pratique de sa politique économique. Une politique qui d’ailleurs ne pourrait survivre au long terme puisqu’en l’absence d’une réelle réforme de la fiscalité, l’exploitation de petites niches fiscales ne pourrait faire avancer l’économie nationale.

Qu’en est-il du déficit commercial ?
C’est un point qui revient de plus en plus souvent et qui, à mon sens, ne veut dire qu’une seule chose, le manque de compétitivité de l’économie nationale. Pour revenir aux chiffres officiels, les importations dépassent les exportations. Il n’est un secret pour personne que nos produits trouvent le plus grand mal à se vendre sur les marchés internationaux. Les secteurs qui, auparavant étaient une chasse gardée pour les produits nationaux, ne le sont plus et connaissent une concurrence très ardue, notamment de la part de produits asiatiques. C’est à mon sens l’échec de la politique de mise à niveau qui est à l’origine de cette baisse de compétitivité. Un échec d’ailleurs avoué publiquement par le Premier ministre Driss Jettou à plusieurs reprises. Et à l’approche des échéances 2010 et 2012 et le démantèlement des barrières douanières, le gouvernement se doit de redoubler d’efforts pour pouvoir faire face à cet impératif.

Ce déficit commercial n’est-il pas directement lié à la hausse de la facture pétrolière supportée par l’Etat marocain ?
Il est vrai que la facture pétrolière a considérablement handicapé le budget de l’Etat lors des dix premiers mois de l’année 2005. Mais je ne pense pas qu’elle soit totalement responsable. La hausse du déficit commercial est un problème structurel auquel doit faire face l’économie nationale d’une manière très sérieuse et urgente. Alors que la hausse du prix du baril de pétrole n’est intervenue que lors des derniers mois. Pour analyser en profondeur cette problématique de la hausse du déficit de la balance commerciale, il serait judicieux de revenir sur le taux des importations hors-pétrole et le mettre en corrélation avec tous les indices sur le comportement des exportations marocaines.

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