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Benslimane : crash d’un aéroport

© D.R

Ouvert à l’aviation légère depuis le vendredi 20 avril 2006, l’aérodrome de Benslimane n’aura pas tenu un mois. La plate-forme vient de nouveau d’être fermée au trafic. Sans plus d’explications. La décision est tombée le lundi 15 mai sous forme de décret (A. 0382-06), une première dans l’histoire aéroportuaire du Maroc.
La mesure est d’autant plus surprenante que, un mois plus tôt, c’était plutôt une inauguration royale en grande pompe qui était attendue. Fixé initialement à la mi-avril, l’événement a été reporté sine die, avant d’être retiré définitivement du calendrier. Aucun communiqué de la part du ministère de l’Equipement et du Transport. Les anciens prestataires de services de l’aéroport Casa Anfa qui devaient rejoindre Benslimane ont eu droit à des «lettres personnalisées ». Ni  communiqué de presse ni communiqué public n’a accompagné la fermeture.
Plus grave encore, aucun des directeurs techniques de l’ONDA n’est en mesure d’expliquer la subite décision ministérielle.
Naturellement, en raison du silence de  Karim Ghellab qui  a décidé de ne pas commenter «l’affaire », de la Direction de l’Aviation civile que de l’Office national des aéroports, les supputations vont bon train.
Le décret signé par Karim Ghellab ne précise ni les causes ni la durée de cette fermeture. Une voix non autorisée explique toutefois qu’il y a «des travaux qui doivent être terminés pour préparer une ouverture officielle».
Ces chantiers concerneraient divers travaux d’électricité et de balisage lumineux liés à la construction de hangars (18 000 mètres carrés) pour avions. Ce volet est  en phase d’appel d’offres jusqu’à la mi-juin. Idem pour les travaux de construction du parking pour avions légers.
D’autres collaborateurs du ministère de l’Equipement justifient les raisons de la décision par la nécessité de procéder à des études préliminaires. Dans l’urgence, il y aurait eu des étapes qui ont été sautées. Pour l’ancien directeur technique de l’ONDA, Ahmed Ennaji, «il n’y a pas eu d’études préliminaires ». Les ordonnateurs qui voulaient boucler les travaux en trois mois consentent donc aujourd’hui, à revenir à la base et à entamer les études. Entre temps, la première phase aurait coûté 640 millions de dirhams. Dans l’ensemble, le budget global s’élève entre  1,3 et 1,5 milliard de dirhams, financé en grande partie par l’ONDA, mais aussi par les FAR et la RAM. Ainsi, cette plate-forme aéroportuaire a été baclée à cause de la précipitation ! Mais qui va payer les pots cassés ?
Dédié à l’aviation civile, ce projet, à mi-chemin entre les capitales administrative et économique, prévoyait d’autres étapes dans l’optique de devenir un aéroport de substitution par rapport à Casablanca et à Rabat en cas de brouillard ou mauvais temps. Partie en repérage il y a quelques semaines, une commission d’experts aurait rendu un rapport qui serait, note-t-on, en relation directe avec la décision prise. L’aérodrome qui ne comporte pour le moment qu’une piste et une tour de contrôle aurait-il surpris  les membres de la commission par ses insuffisances ? En tout cas, tout cela, selon un expert de l’aviation civile, dénote un manque patent de professionnalisme et de sérieux.


 Les laissés-pour-compte  
de Casa Anfa


Les prestataires de services qui opéraient à l’aéroport de Casa Anfa, fermé à la fin avril, sont toujours dans l’expectative. Dans le schéma initial retenu, les clubistes seront transférés à Tit Mellil alors que l’aviation d’affaires, elle, élira domicile à Nouasseur. Cela, en attendant l’ouverture de l’aéroport de Benslimane.
Actuellement, l’école de pilotage de la RAM  a été transférée partiellement à Tit Mellil. Pour Privair, Aerservices et Agricolair, ainsi que pour les autres prestataires privés qui opéraient depuis longtemps à Casa Anfa, l’incertitude perdure. Et avec ces sociétés, le sort de plus de 300 salariés.

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