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Blé : Une pénurie imaginaire fabriquée par les spéculateurs

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A fin juillet, le Maroc disposait dans ses silos d’un stock global de blé tendre de 23,5 millions de quintaux couvrant l’équivalent de cinq mois de consommation.
Un niveau largement satisfaisant. Qu’est-ce qui explique alors que depuis quelque temps, on entend çà et là des opérateurs de la filière, essentiellement des stockistes, parler de risque de pénurie? «Ces agissements relèvent plus de la spéculation et du politique que d’autre chose», affirme d’emblée un professionnel contacté par ALM. Notre interlocuteur, qui connaît bien la filière céréalière au Maroc comme à l’international, explique, en effet, que «la situation des stocks au niveau mondial est certes tendue mais pas au point de parler de pénurie». D’abord, il faut savoir que les deux plus gros fournisseurs du Maroc qui sont le Canada, pour le blé dur, et la France, pour le blé tendre n’ont pas connu de problèmes particuliers sur leurs récoltes de cette année. De l’autre côté, reconnaît la même source, la faiblesse de la récolte des Etats-Unis, premier producteur mondial, a suscité quelques inquiétudes quant à la disponibilité du blé à l’échelle mondiale. Mais, insiste ce professionnel, «si tension il y a, elle s’exprime surtout en termes de flambée des cours mais pas en volume disponible». Ces propos viennent d’ailleurs corroborer ceux du ministre l’agriculture, Aziz Akhannouch, au micro d’une chaîne radio quand il déclarait que «contrairement à ce que pensent certains, le blé est disponible à l’échelle mondiale mais ce sont les prix qui restent élevés».
Entre-temps bien sûr, et comme cela se fait chaque année, le Maroc maintient les mesures de sauvegarde le temps que les producteurs locaux aient écoulé leur récolte. Ces mesures de sauvegarde consistent, en résumé, en des droits de douane élevés de manière à ce que le blé importé ne vienne pas concurrencer le local.
Parallèlement, l’Etat veille aussi à ce que cette récolte soit écoulée à des prix qui répondent au mieux à deux impératifs majeurs : l’amélioration des revenus des agriculteurs tout en restant dans des limites raisonnables pour le consommateur final.
Le schéma est simple et clair… sauf quand des spéculateurs s’en mêlent. Et c’est vraisemblablement le cas aujourd’hui. En effet, selon des sources bien informées, certains lobbies de spéculateurs, en particulier des négociants et des stockistes dans la région de Chaouia, font enfler la rumeur depuis quelques jours sur une éventuelle pénurie afin de faire grimper les prix et donc d’écouler leurs stocks à de meilleurs prix. En somme, il s’agit d’une pénurie imaginaire et fabriquée pour des raisons purement mercantiles. «C’est inacceptable», dénonce ce haut responsable au département de l’agriculture. D’autant plus, poursuit ce dernier, «que pour leurs intérêts commerciaux, ces opérateurs n’hésitent pas à créer la zizanie et menacer la stabilité sociale du pays en jouant sur des denrées psychologiquement stratégiques pour les Marocains comme le blé et le pain». Et c’est d’ailleurs pour cela que le ministère de l’agriculture s’apprête à diligenter une enquête à l’échelle nationale pour traquer les spéculateurs avec la ferme volonté, dit-on, de sanctionner lourdement…

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