Couverture

Bouaza Kherrati : «Tous les abattoirs vétustes doivent fermer»

© D.R

ALM : Quel est votre commentaire sur la saisie au niveau national de 19 kilos de viandes issues de l’abattage clandestin ?
Bouaza Kherrati : La saisie de cette quantité reste insignifiante par rapport à la taille de la consommation globale des citoyens de par le Maroc. Il faut savoir que, par exemple, les abattoirs de Casablanca n’approvisionnent que 50% du marché. Le reste provient d’abattages clandestins ou de viande en provenance d’autres régions mais transportés de manière anarchiques.

Quels sont les dangers de l’abattage clandestin ? 
L’abattage clandestin pose un réel danger pour la santé des consommateurs. Les bêtes qui sont abattues dans ce cadre sont soit des animaux malades soit des animaux volés. Et leur abattage se fait sans aucun contrôle. Ainsi, il y a le risque de transmission de plusieurs maladies de l’animal à l’homme. Je cite dans ce sens la tuberculose, une maladie insidieuse qui connaît un retour au Maroc, principalement à cause de la  Tuberculose bovine. Ces viandes clandestines augmentent aussi les risques de kystes hépatiques que seul une intervention chirurgicale permet d’éradiquer. Ainsi c’est au niveau des conditions d’abattage qu’il faut éradiquer ces maladies entre autres. Ceci est viral.

Comment évaluez vous le dispositif de protection des consommateurs dans le secteur des viandes rouges au Maroc ?
Il faut savoir que le secteur de la viande rouge est viral. Ceci dans la mesure où toutes les lois relatives à la protection du consommateur  dans le cadre de l’industrie alimentaire ont été élaborées à cause de ce problème des viandes rouges.  Ceci a commencé en 1906 à Chicago à l’issue de la publication  du livre «la Jungle» de Upton Sinclair qui avait fait scandale dénonçant l’absence de contrôle  dans les abattoirs.  C’est par la suite que des dispositifs ont été mis. Et tous les pays ont suivi. Le Maroc aujourd’hui reste à la traîne. Et nous à la fédération des associations de protection des consommateurs, nous appelons à ce que tous les abattoirs, à part celui de Casablanca, ferment, parce qu’ils sont vétustes et ne répondent pas aux exigences sanitaires.

Pourquoi des professionnels recourent à l’abattage clandestin ?
Des professionnels de la viande rouge recourent à l’abattage clandestin pour pour ne pas payer de taxes dans les abattoirs. Ces taxes varient d’une ville à l’autre et des zones urbaines aux rurales. Dans les premières, la taxe se mesure au kilo et dans les secondes c’est par tête. Il y en a aussi qui introduisent la viande foraine ( des souk) dans les villes en l’absence de tout contrôle.

Comment remédier à ces problèmes des viandes impropres à la consommation ?
La gestion des abattoirs relève du ministère de l’intérieur par  communes interposées. Cela fait qu’ils sont mal entretenus et disposent de services inadéquats. Il y a aussi le fait que les lois ne sont pas appliquées, quand les services vétérinaires et les autorités agissent les sanctions tardent. Les agents de l’ONSSA doivent aussi avoir plus de pouvoirs. Ainsi plusieurs mesures n’ont aucun effet sur la protection du consommateur. Des abattoirs comme ceux de Salé, Agadir, Meknès, Kenitra et même Tanger doivent tout simplement fermer. Il y a aussi le fait que les lois bloquent les investissements privés, laissant le monopole aux communes. Ce système est très reprochable. Quelques initiatives privées commencent à voir le jour notamment à Meknes et Fkih Ben Salah, mais difficilement.

Articles similaires

ActualitéCouvertureUne

Industrie du futur, c’est maintenant ou jamais pour le Maroc !

Le développement fulgurant des nouvelles technologies révolutionne l’industrie. Alors que des puissances...

CouvertureSociétéUne

Population, santé, conditions d’habitation… Le HCP livre son bilan sur les indicateurs sociaux

Le HCP signale une baisse continue du taux d’accroissement global et naturel...

CouvertureEconomieUne

Le Maroc se lance dans la production d’avions-cargos

Des géants américains de l’aéronautique annoncent un accord pour l’installation d’une zone...

CouverturePolitiqueUne

Le Code de déontologie parlementaire bientôt adopté

Les deux Chambres ont ouvert vendredi dernier la session du printemps

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux