La Chambre des représentants s’apprête à élire son président. Une étape essentielle dans l’ouverture de l’actuelle législature qui prélude aussi à la configuration du premier gouvernement d’après les législatives. Dans un contexte politique très mouvant et sur fond de tractations tous azimuts et de réunions chaudes des instances dirigeantes des principaux partis politiques en compétition, le suspens est de rigueur et la prudence dans le pronostic est un maître mot.
Les résultats du scrutin du 27 septembre ont donné lieu à un jeu politique très ouvert. À tel point que tout le monde s’y voyait, au risque même pour certains de commettre des faux départs qui peuvent s’avérer très préjudiciables pour leurs auteurs. L’impatience est un vilain défaut en politique. Elle se traduit par un certain nombre de comportements que l’on a eu tout loisir d’observer chez nombre de leaders politiques qui ont voulu absolument s’arroger un avantage sur leurs concurrents, quitte à conclure à la hâte des alliances, des ententes ou des compromis qui ont très vite montré leurs limites et leur caractère opportuniste éphémère.
Ce sera probablement là l’une des premières leçons de ces lendemains de scrutin. Celle qui consiste à savoir quelle forme de coordination pourrait réaliser telle ou telle formation politique qui compte piloter un projet, mettre en oeuvre un programme politique, avec quelles autres formations politiques et sur quelles bases.
L’élection du président de la première chambre devra donner un avant-goût des contours de la majorité parlementaire sur laquelle pourra compter le Cabinet Jettou pour soutenir le programme de réformes économiques et sociales d’urgence qui font partie du cahier des charges qui lui a été confié par S.M. le Roi lors de sa nomination.
Mais la subtilité de cette élection réside dans une autre indication d’importance : le poids de l’USFP tant dans le parlement que dans le futur gouvernement. Les prévisions semblent privilégier la reconduction d’Abdelouahed Radi au perchoir. Si cela se précise, ce sera la confirmation de la logique issue des urnes le 27 septembre et qui a donné un avantage, aussi minime soit-il, à la formation d’Abderrahmane Youssoufi. Un avantage qui devrait également se traduire par le nombre et l’importance des portefeuilles ministériels qui reviendront aux socialistes dans le Cabinet Jettou.
Mais la nouvelle donne politique se caractérise aussi par une forme de blanc seing accordé au nouveau Premier ministre dans le choix des personnalités et des formations politiques qui complèteront l’architecture de son gouvernement. À cet égard, il n’a pas de contraintes particulières ni de déterminisme qui lui serait imposé par le poids politique de telle ou telle formation. Son principal souci sera désormais de mettre tous les atouts de son côté pour mettre en place une équipe et un programme gouvernementaux opérationnels et efficaces. Ce sera là le véritable défi sur lequel il sera attendu. Une véritable mise à l’épreuve de la méthode Jettou.