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Cadrage : Espèce rare

C’est avec une certaine nostalgie qu’on évoque généralement dans le monde arabo-musulman la relation entre intellectuel, idéologie et engagement dans les choses de la cité. Engagement ici ne signifie pas obligatoirement la confection de banderoles ou de dazibaos ou la militance dans son sens activiste, bien que rien ne l’exclue non plus. Il se réfère avant tout à la production de sens, de discours et d’outils de réflexion sur les questions polarisant l’intérêt de la cité.
Les intellectuels : philosophes, théologiens, exégètes, commentateurs, jurisconsultes, poètes, médecins, ont toujours été impliqués dans une certaine relation au pouvoir. Alliés, courtisans, panégyristes, dans un cas; opposants, critiques, rebelles, dans un autre. Mais nullement indifférents aux débats d’idées vis-à-vis desquels ils n’ont jamais observé d’attitude hautaine ou condescendante. Les Al Jahid, Ibn Sina, Ibn Rochd, Abou Hayyan Attawhidi, Ibn Khaldoun et plus tard Mohamed Abdou ou Jamal Eddine Al Afghani, se sont exprimés sur les affaires qui préoccupaient leurs concitoyens, parfois avec les risques qu’ils encouraient, étant donné qu’ils ne pouvaient pas plaire à tout le monde. Mais cela ne les a nullement dissuadés de manifester leur opinion et de proclamer leur point de vue, étant convaincus que cela faisait partie de leur rôle, de leur fonction et de leur mission en tant qu’intellectuels. C’est-à-dire des personnes dotées d’une compétence et d’un profil reconnus par leurs pairs et leurs concitoyens, qui leur permet de modéliser une réflexion, de la formuler et d’en développer l’argumentaire, avec l’autorité, la science et la hauteur de vue qui s’imposent.
Le Maroc, pour sa part, n’a pas dérogé à cette règle. De tous temps, les intellectuels se sont exprimés sur les choses de la cité et ont joué un rôle actif dans la formulation du discours idéologique et politique du pays et animé le débat sur les faits de société. Mais, depuis au moins deux décennies cette activité, salutaire et essentielle pour la vie d’un pays, traverse une forme de marasme et d’atonie. Pourtant l’incontestable élargissement de l’espace de liberté, la diversité et la multiplicité des supports de diffusion et de communication des idées et des créations, la possibilité d’accès à ce qui se fait ailleurs dans le monde, pour s’en inspirer ou y répliquer, sont autant de facteurs qui devaient stimuler le rôle de l’intellectuel et l’investir davantage dans sa mission d’éclaireur, de catalyseur et de prospecteur dans le monde des idées et de la réflexion.
Ce rôle est d’autant plus vital de nos jours qu’il y a de réelles menaces de perte des repères et d’identité dans le contexte d’une mondialisation qui a tendance à tout niveler par le bas, y compris dans le domaine de la culture et des idées.

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