Le Wali Benhima a toujours démontré qu’il était capable de se donner le pouvoir, les accessoires et les symboliques y afférant pour emporter la décision et l’imposer, le cas échéant. Arrivé à la tête de la Wilaya de la grande métropole marocaine, arabe et africaine, à laquelle certains observateurs avertis n’hésitent pas à prédire un avenir flamboyant, l’ex-ministre de l’énergie et des mines et ancien patron très méritant de l’ONE, fait feu de tout bois pour consacrer l’image qu’il s’est donnée de lui dans les médias. Lui, il sait jouer de ce rôle de composition, celui du bulldozer que rien n’arrête et qui ne fait que très peu de cas des usages et autres délimitations de prérogatives et de compétences. Au contraire, il adore par-dessus tout ce rôle où il fait comme si rien et personne ne pouvaient l’arrêter, rappelant justement des profils de grands commis de l’État qui nous voulaient tellement de bien qu’ils en arrivèrent à oublier que nous existions. Mais, il ne s’agit pas précisément d’une affaire d’individu. La réforme et la modernisation des équipements et des infrastructures de Casablanca est nécessaire et urgente. La rationalisation et la maîtrise des espaces et des équipements publics et le rétablissement de l’autorité de l’État est plus qu’indispensable pour mettre fin à l’anarchie et prévenir le chaos de la capitale économique.
L’exemplarité de l’action menée ici est très importante pour les autres Wilayas et régions du Royaume. La phase actuelle de réflexion et de mise en oeuvre du nouveau concept d’autorité et de mécanismes fondateurs d’une véritable politique de régionalisation et de déconcentration sont des sujets qui méritent plus d’attentions et de lucidité que des mouvements de bravade.
L’action du Wali Benhima a certes recueilli une popularité certaine auprès de l’opinion publique casablancaise et dans une presse trop complaisante pour être prise au sérieux. Tant mieux pour sa politique de communication et pour son image. Mais, les secteurs sur lesquels il agit ; que ce soit le transport, l’urbanisme, la fiscalité locale, le tourisme, la distribution ou encore l’organisation territoriale, supposent une large concertation avec les opérateurs et les professionnels concernés. C’est une condition essentielle pour optimiser les réformes et les inscrire dans la durée. Or, il semble que le Wali Benhima estime qu’un bon accueil médiatique de ses initiatives et actions est à même de le dispenser de toute concertation, qui s’en trouve, de fait, en panne ou inexistante.
En définitive, le courage, l’audace et la témérité du Wali finiront comme une simple stratégie de communication si la méthodologie mise en oeuvre n’est pas renforcée par une large adhésion des opérateurs et des professionnels qui sont les vrais artisans du changement, s’ils sont pertinemment associés et impliqués dans le processus. La responsabilité du changement est une responsabilité collective. Elle ne s’accommode pas toujours avec une démarche solitaire, même si elle est fondée sur une certaine bonne foi et un bon sens avéré.