Couverture

Cadrage : Odeur de souffre

Dix, vingt, cent, mille emplois. Ce sont des chiffres toujours réjouissants lorsqu’on pense que des offres pareilles vont donner de l’espoir à quelques-uns des sans emplois, de plus en plus nombreux dans notre pays, et que des situations sociales dramatiques, voire désespérées, vont ainsi être soulagées. Alors que dire lorsqu’on nous fait miroiter des chiffres de l’ordre de 22 000 emplois, au moins nous dit-on, proposés aux jeunes Marocains ? C’est tout simplement un jackpot. Mais, malheureusement, toute cette opération semble entachée de beaucoup de flou et de ces petits riens qui font dresser les cheveux et suscitent des interrogations qui nous font craindre le pire.
De quoi s’agit-il au juste ? L’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC), un organisme public sous la tutelle du département de l’emploi et des affaires sociales, fait inscrire des dizaines de milliers de candidats, à travers le royaume, postulant pour des emplois prétendument surs, pour le compte d’une entreprise émiratie, qui elle-même agit comme intermédiaire et prestataire de service au profit d’entreprises agissant dans le domaine des croisières. On ne sait pas grand chose sur ces employeurs.
Concernant les emplois à pourvoir, on nous dit vaguement que ce sont des emplois dans les services orientés tourisme. Devant le Parlement, M. Abbès El Fassi, ne donne pas plus de détails sur les procédures et les garde-fous qui prémuniraient une telle opération, d’aussi grandes dimensions, contre les dérapages et les appétits malsains. Il apporte cependant sa caution à l’opération en déclarant notamment qu’elle n’est entachée d’aucune irrégularité. On aimerait tellement que tout cela soit vrai. Mais, on se demande, par exemple, pourquoi une seule clinique privée de Casablanca est la première bénéficiaire directe et immédiate de toute cette opération ? Les candidats inscrits, quel que soit leur lieu de provenance, sont tous dirigés sur cette même et unique clinique où ils subissent un contrôle médical, somme toute peu exceptionnel, et partant qui pouvait être dispensé par n’importe quelle structure médicale moyenne, publique ou privée, à travers le pays. Le contrôle en question est payé en espèces, 900 DH par personne !
Alors quand on sait qu’aucune garantie n’est donnée à ces candidats sur la suite réelle qui sera donnée à leurs démarches, quand on se rend compte de l’importance des sommes qui sont en jeu, quand on sait qu’à l’heure qu’il est des centaines et des centaines de personnes continuent à s’inscrire, soit dans les antennes de l’ANAPEC, ou même directement aux alentours de la clinique en question, on est réellement en droit de se demander si l’on n’est pas dans le cas de figure d’une grosse arnaque comme il y en a tant d’autres en matière d’offres d’emplois.
En ces temps de chômage chronique et d’engouement pour tout ce qui est émigration, quel qu’en soient le prix ou les dangers, un marché juteux est convoité par tous ceux qui n’hésitent devant rien pour tirer profit de tous les malheurs des autres. Il y a réellement lieu de s’inquiéter et de tirer la sonnette d’alarme !

Articles similaires

ActualitéCouvertureUne

Industrie du futur, c’est maintenant ou jamais pour le Maroc !

Le développement fulgurant des nouvelles technologies révolutionne l’industrie. Alors que des puissances...

CouvertureSociétéUne

Population, santé, conditions d’habitation… Le HCP livre son bilan sur les indicateurs sociaux

Le HCP signale une baisse continue du taux d’accroissement global et naturel...

CouvertureEconomieUne

Le Maroc se lance dans la production d’avions-cargos

Des géants américains de l’aéronautique annoncent un accord pour l’installation d’une zone...

CouverturePolitiqueUne

Le Code de déontologie parlementaire bientôt adopté

Les deux Chambres ont ouvert vendredi dernier la session du printemps

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux