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Cadrage : Paradoxes

La liberté, c’est toujours celle de l’autre. Qui pense autrement ou qui vit autrement. Une équation difficile à résoudre, d’autant plus qu’il faudrait se résigner à admettre la complexité de cette question, particulièrement dans son chapitre portant sur la condition féminine.
De manière générale, deux positions diamétralement opposées partagent l’élite marocaine : une position archaïque qui continue encore à voir dans la libération de la femme et son épanouissement l’expression de l’aliénation de la société et la chosification de la moitié de sa population, et une autre qui préconise l’épanouissement de la femme, en contournant l’habitus social dans sa connotation traditionnelle. Sur le plan social, le statut de la femme a changé conformément aux exigences de la nouvelle conjoncture et aux mutations que traverse la société.
C’est donc une tautologie que de dire que la femme d’aujourd’hui n’est plus comme celle d’il y a une trentaine d’années. Et ce quoique ce jugement est à relativiser fortement dans certaines régions du royaume. Bien entendu, le rôle de la femme dans la famille ( ou précisément dans les ménages) a changé à plus d’un égard. Sa percée dans le monde du travail (dit vie active) lui permet d’acquérir de plus en plus d’autonomie par rapport à l’être masculin, (père, mari ou frère). Dans plusieurs cas, elle assume la responsabilité de prendre en charge l’ensemble des membres du foyer. Mais, souvent, en contre-partie, dans des moments précis, de crise ou de malentendu, la société se comporte avec cette même femme ( mère, épouse ou fille) comme si elle était mineure ou si elle devrait se résigner à son statut de minorité. Ce comportement, qui tire toute la société, en arrière, on le constate, particulièrement, dans les milieux démunis dits à haut risque. Un même geste peut être qualifié d’incitation à la débauche dans un quartier alors que dans un autre il renvoie à l’émergence de pratiques dites citadines, puisque apparentée à un « mode de vie occidental ».
Ce paradoxe se nourrit quotidiennement par des pratiques de la part de ceux-là même qui devraient participer à la création des conditions de visibilité éthique.
À l’école comme dans la rue, les comportements des uns et des autres diffèrent et s’interposent. Loin de plaider pour une uniformisation de la pratique sociale, il y a lieu de préciser, tout de même, que la clarté d’esprit découlant d’un projet de société homogène et en parfaite adéquation avec l’air des temps modernes serait susceptible de participer à l’apaisement de la tension au sein de la société. Il est plus que ridicule d’ouvrir des écoles et d’admettre la mixité des sexes en leur sein, alors qu’en dehors de ces matrices d’éducation, on sanctionne cette mixité et on la condamne au nom de la préservation des moeurs et de la morale. La société, toute entière, gagnerait à être cohérente avec elle-même et garder la mesure en toutes choses. C’est une question d’équilibre.

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