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Cadrage : Un islamisme marocain

Le Parti du développement et de la justice (PJD) est au centre de beaucoup d’intérêt de la part des observateurs, tant nationaux qu’étrangers. Les raisons de cet intérêt sont nombreuses et diverses. Elles se rapportent de prime abord aux choix doctrinaires et idéologiques de ce parti qui se présente comme l’expression politique de l’islamisme marocain. Le parti qui avait déjà des représentants dans la précédente chambre des députés a pignon sur rue et exprime publiquement, dans les médias et dans ses activités partisanes, ses prises de position et développe son programme, même si celui-ci manque de beaucoup de consistance, à l’instar d’ailleurs de celui de nombreuses autres formations politiques en compétition.
À l’occasion de l’actuelle campagne électorale, rien ne différencie le comportement et l’attitude des candidats de ce parti de leurs concurrents des autres formations en course, hormis peut-être une certaine discipline interne et une plus grande homogénéité au sein du parti.
Mais à y regarder de plus près, on ne peut pas ne pas noter un certain nombre de traits spécifiques qui font que le PJD n’est pas tellement un parti comme les autres et qu’il constitue, de toutes les manières, un cas à part dans l’échiquier politique marocain. C’est, d’abord, une formation qui souffre d’une grave hypertrophie dans le discours, dans la cible visée, comme dans l’emphase du discours et de l’engagement. Cette démesure a fini par provoquer au sein même de cette formation et auprès de ses porte-parole un réflexe de repli qui se manifeste dans une attitude qui se veut ostentatoirement modeste et modérée. Un véritable paradoxe quand on entend les leaders du PJD répéter à l’envi qu’ils ont délibérément réduit le nombre de circonscriptions dans lesquelles ils ont présenté des listes de leur parti, par égard, disent-ils, pour l’intérêt du pays.
Une telle assertion est quelque peu mystérieuse. Ou bien elle en dit beaucoup trop ou pas du tout assez. Si elle se réfère aux périls que les discours extrémistes, sous prétexte de défense de la pureté et de l’orthodoxie doctrinaire, ont entraîné pour le pays, au point d’encourager, sciemment ou involontairement, l’émergence et la multiplicité de groupuscules violents et criminalisés qui ont défrayé la chronique l’été dernier. Il était effectivement grand temps de faire preuve de clarté et de lever toute équivoque sur l’état d’esprit d’un parti politique qui respecte les règles du jeu démocratique et qui se démarque de toute tentation totalitaire et fascisante.
Mais, ce serait un très mauvais calcul si ce discours rassurant n’a pour objectif que d’apaiser momentanément la méfiance à l’égard de ce mouvement politique accusé d’abuser des amalgames et de cultiver une doctrine de l’exclusion et de l’anathème. Sur ce plan-là, la démocratie a sans cesse besoin d’être rassurée sur son caractère irréversible. Elle a besoin aussi d’avoir des garanties sur la bonne foi de ceux qui parlent en son nom et qui en tirent profit. Elle ne s’accommode certainement jamais de la duplicité de ceux qui rêvent de la confisquer et de la travestir.

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