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Cadrage : Yassine, où est ta victoire ?

Récapitulons. Il y a une trentaine d’années de cela, un homme ivre de lui-même entreprit de s’ériger en censeur du système politique marocain. Pour ce faire, il a commencé par rejeter l’idéal de la confrérie au sein de laquelle il avait eu accès, prétend-il, à la lumière de Dieu. Puis il s’arrogea le droit d’adresser au plus haut sommet de l’état une admonestation en règle, menaçant du déluge une société réticente à embrasser l’Islam dans l’esprit d’une philosophie totalitaire. Cela valut finalement à Abdeslam Yassine d’être relégué au ban de la société, et à ses adeptes d’êtres entraînés, à la suite de leur guide, dans une logique stérile de confrontation et d’hostilité. Jusqu’au jour où, le contexte ayant notablement évolué, il a pu reprendre, dans une certaine mesure, son rôle de «guide» à la tête de ses «troupes».
Attelé à deux chevaux de bataille, la justice et la bienfaisance, Abdeslam Yassine entreprit alors de promouvoir sa philosophie. C’est une nouvelle ère qui commence pour son association qui se lance dans une campagne de marketing politique destiné à convaincre de la nécessité et, surtout, de l’absolue légitimité d’un nouveau projet de société. Au cœur de cette idéologie d’inspiration religieuse, une lecture réductrice des textes sacrés qui ne peut conduire qu’à l’aveuglement et à l’embrigadement de populations prêtes à s’en remettre au premier prédicateur venu. Les militants de l’association se font d’ailleurs remarquer, de plus en plus fréquemment, par des comportements violents; voire meurtriers. Quant à ses théoriciens, ils ne tardent pas à dévoiler leur jeu en évoquant de plus en plus ouvertement la perspective d’un changement total de régime au cas où ils parviendraient à imposer leurs idées.
C’est donc un projet politique radicalement alternatif que proposent Yassine et ses amis. A cette réserve près que ce projet est formulé dans un registre qui n’est pas celui du réalisme, loin s’en faut. Comme d’autres hommes politiques avant lui, Abdeslam Yassine choisit de prendre le biais du rêve pour présenter ses visions au monde. Sauf que dans son discours, le rêve ne se limite pas à une figure de rhétorique. Il est présenté comme une voie de communication privilégiée avec le Créateur, un canal quasi prophétique mis à la disposition du guide dévoué, inspiré et béni. Comment ses adeptes pourraient-ils en douter ?
C’est ainsi que depuis un an, Abdeslam Yassine et ses disciples font circuler par tous les moyens dont ils disposent la vision d’un Maroc balayé, au propre et au figuré, par un soulèvement généralisé des adorateurs de Dieu. Cette promesse de quasi-résurrection du pays, jugé selon leurs critères irrémédiablement compromis, nous fut faite pour 2006. Depuis, ils sont paraît-il quelques-uns à attendre, mois après mois, que la prédiction se réalise. Il reste un peu moins de quinze jours avant la fin de l’année 2006. Moins de quinze jours pour faire se réaliser une vision qui traîne depuis un an. Le moins que l’on puisse dire est que c’est un peu court, mais il faut bien que la supercherie prenne fin un jour.
En attendant la prochaine vision de Abdeslam Yassine, c’est toute l’association qui s’agite autour de la succession du patriarche, qui n’aura bientôt plus – faut-il s’en plaindre ?- le monopole des visions et autres élucubrations.

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