Al Adl Wal Ihssane (Justice et bienfaisance) est le plus important des mouvements islamistes. Dirigée par le cheikh Abdessalam Yassine, son développement est directement liée à cette figure emblématique de l’islamisme marocain. Aujourd’hui libre, cet ancien inspecteur de l’enseignement public a été emprisonné une première fois en 1974 après qu’il eut adressé au défunt roi Hassan II une lettre intitulée Attoufane (le déluge).
Après quatre ans passés dans un asile psychiatrique, il sera libéré en 1978. Ses activités lui vaudront une autre condamnation à deux ans de prison en 1984. Libéré en 1985 après avoir purgé une partie de sa peine, il passera près de quatre ans en liberté avant d’être assigné à résidence à Salé le 30 décembre 1989. Le 15 décembre 1995, les autorités lèveront cette assignation à résidence mais reviendront quelques jours plus tard sur leur décision à la suite d’un prêche d’Abdessalam Yassine. Ce dernier a mis à profit sa longue captivité pour écrire de nombreux ouvrages dont l’un, en langue française et très théorique, intitulé « Islamiser la modernité ».
L’assignation à résidence sera finalement levée sur ordre de Sa Majesté le roi Mohammed VI. Aujourd’hui, l’association est tolérée, mais ne dispose pas, par exemple, de journaux et reste étroitement surveillée. Il s’agit d’une organisation qui se réclame du soufisme et affirme vouloir islamiser la société sans violence, par l’éducation. Elle a une structure pyramidale, très hiérarchisée. Elle se manifeste sur le terrain caritatif et tire une large part de son influence de son activisme social. Yassine a longtemps proposé aux courants politiques marocains d’élaborer en commun une «charte islamique», qui devrait être le fondement du pouvoir politique. Yassine a également publié à la fin janvier 2000 son «Mémorandum à qui de droit».