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Colloque : De l’opposition, le Mouvement Populaire revisite l’amazighité

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Rares sont les rencontres-débat qui réussissent à rassembler autant de participants. Dans la salle des conférences que le Mouvement Populaire a choisie pour abriter les travaux de sa 3ème Université du printemps, samedi dernier, des participants ayant des centres d’intérêts culturels, politiques et associatifs différents ont tenu à marquer leur présence à travers des interventions qui ont donné au débat la diversité nécessaire à sa réussite. Il faut dire que le sujet choisi par les organisateurs, « Amazighité et enjeux du projet de société, de démocratie et de développement», est d’actualité. Depuis bientôt neuf ans, il n’est plus un tabou. Il est même au cœur de toutes les réflexions qui se font sur le nouveau projet de société qui est en train de prendre forme au Maroc. Hauts responsables, leaders politiques, intellectuels et acteurs associatifs ont animé le débat dans un climat empreint de sérénité et, surtout, de sincérité. La séance d’ouverture s’est déroulée en présence du Conseiller de SM le Roi et président délégué du Conseil supérieur de l’enseignement (CSE), Abdelaziz Meziane Belfkih, le président de la Chambre des députés, Mustapha Mansouri, et Ahmed Boukous, recteur de l’Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM).
Ahmed Benkadour, membre du comité d’organisation, a bien résumé l’enjeu du débat : «la question amazighe revêt une dimension nationale et devrait, de ce fait, être traitée selon une approche scientifique associant les acteurs politiques et ceux de la société civile». En deux mots : l’amazighité est l’affaire de tous les Marocains puisqu’elle est, avant tout, une question d’identité. Au fil des différentes interventions, le principal constat qui envahit l’esprit de l’assistance est cette mutation qu’a connue le débat sur l’identité et la culture amazighes en passant, en l’espace de quelques années, du stade de tabou à celui d’affaire nationale dont tout le monde est conscient de l’importance. Le règne de SM le Roi Mohammed VI a été à l’origine de cette transformation dont le signe annonciateur a été la création de l’Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM). «Je suis moi-même à moitié berbère, ce serait donc renier une partie de ma culture et de mes gênes. Je ne parle pas l’amazigh, hélas, parce que j’ai suivi un cursus scolaire où il n’était pas enseigné, mais j’aimerais bien pouvoir prendre le temps de l’apprendre…», avait déclaré SM le Roi Mohammed VI dans un entretien à Paris Match en novembre 2001. Une déclaration qui vient à l’esprit lorsque Mahjoubi Aherdane, président du MP, et l’un des plus grands défenseurs de l’identité amazighe, lancera, lors de l’une de ses interventions, samedi dernier, un appel pour que la langue amazighe soit enseignée à tous les Marocains, quelle que soit leur origine, au même titre que l’arabe. Le président du CSE, présent aux travaux de l’Université du MP, a certainement pris note de la suggestion. Il faut dire que le ministère de l’Education nationale a déjà initié une opération pilote dans ce sens. Son bilan n’a pas encore été fait. Il se fera très probablement avec le nouveau titulaire de ce département, Ahmed Akhchichine. En effet, ce dernier est aussi président d’une association qui accorde à la question amazighe une grande importance : le Mouvement de tous les démocrates (MTD). Une association dont l’un des plus importants fondateurs, Fouad Ali El Himma, devait faire une intervention lors de l’Université du MP mais qui s’excusa à la dernière minute, certainement pour des contraintes d’agenda. Mais, toute l’assistance lui reconnaîtra, dans les débats de coulisses, le fait qu’il avait placé la normalisation du débat sur l’amazighité en tête de ses priorités en tant que haut responsable et qu’il continue à le faire en tant que député et acteur politique majeur.
À la fin des travaux de la troisième édition de leur Université de printemps, il était clair que le travail initié, il y a près de neuf ans, est en train de donner ses fruits. Le débat a dépassé le stade des premiers tâtonnements, il s’installe dans un cadre plus avancé, celui de savoir quand et comment mettre en œuvre ce sur quoi tout le monde semble être d’accord : reconnaître l’amazighité en tant qu’élément constitutif de l’identité marocaine.

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