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Communales : Tapis rouge pour les islamistes

Le constat n’est que plus clair depuis les législatives. Le score réalisé par les candidats du parti d’Abdelkrim El Khatib dans ces élections est plus que probant, puisqu’ils ne se sont présentés que dans 56 circonscriptions. «Nous avons évité exprès un ras de marrée» avait déclaré Mustapha Ramid, chef du groupe parlementaire du PJD. Désormais, le parti des islamistes modérés est l’une des principales formations du paysage politique marocain.
Depuis septembre dernier, ils sont de plus en plus présents au sein de la société. Sur le plan communicationnel, la presse islamiste est devenue plus active sans parler de la présence presque ininterrompue des membres du PJD dans la presse indépendante. Ils communiquent, ils répondent aux questions, ils assument leurs déclarations et ne ménagent pas d’expression. La médiatisation de leurs activités frappe les esprits en profondeur. Ils sont mêlés à la population au quotidien. Et ce n’est pas une stratégie, commente Saâs-eddine El Othmani, Secrétaire général adjoint du PJD.
«Nous avons toujours cru en la continuité et la permanence de l’activité politique. Pour nous, cela n’a jamais été un travail saisonnier ou occasionnel.
Depuis 1996, un document doctrinal détermine nos principes en ce qui concerne l’activité politique. Le parti doit être constamment présent sur le terrain». explique M.El Othmani. Approcher les citoyens et les sensibiliser à une meilleure vie, les aider à mieux cerner leurs besoins, et surtout interpeller en fanfare les responsables de façon à ce que le citoyen soit conscient que les élus péjidistes défendent concrètement ses intérêts.
A chaque événement d’envergure national ou international, et dès lors que quelque allusion un peu iconoclaste à l’Islam apparaît, ils sont les premiers à réagir et réussissent à faire entendre parler de leur activité (manifestation, protestation, mobilisation, soutien etc…).
Le tout est diffusé à son de trompe. Sur le plan social, ils vivent pratiquement au milieu de la population nécessiteuse, prêts à fournir de l’aide matérielle et le soutien moral à cette catégorie qui, jusqu’à leur arrivée, ignorait la présence constante de politiciens dans leur environnement. Les occasions religieuses constituent une aubaine pour les islamistes pour accentuer leur existence permanente. à Ramadan comme à la fête d’Al Adha, nombreuses sont les familles prises en charge par les islamistes. Il faut dire que la conjoncture du champ politique national continue de jouer en leur faveur. Les partis traditionnels, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont aux abonnés absents.
A quelques rares exceptions, les élus des autres formations politiques disparaissent de leur circonscription une fois leur siège acquis, et ne retrouvent leurs électeurs qu’une fois leur mandat arrive à terme. D’autant plus que cette vague de nomadisme des députés qui changent de camp comme ils changent de mouchoir a porté une grave atteinte à la crédibilité des partis traditionnels. Les citoyens votent sur le candidat d’une couleur donnée pour se retrouver face au même candidat sous d’autres couleurs après avoir gagné.
Cela va sans parler des guerres intestines et les rivalités claniques au sein des partis dit démocratiques. Les députés péjidistes, eux, effectuent des tournées régulières, et se confondent en remerciements et reconnaissance envers la confiance des électeurs dans les quartiers qu’ils représentent.
Sur le plan syndical, l’Union Nationale du Travail au Maroc (UNTM), pro-PJD, dispose d’une large présence, et se distingue surtout par une structuration étanchée au niveau national, notamment dans le secteur de l’enseignement à travers la Confédération Nationale des Fonctionnaires de l’Enseignement. Si la population n’était pas si ignorée par les autres partis, elle serait moins perméable à l’infiltration. L’état d’esprit de la nation change, la croûte de la société d’abondance commence à se fissurer. Un climat d’égoïsme s’installe et se développe au sein des partis politiques traditionnels et la phrase «ce que vous pouvez faire pour votre pays» est passée de mode et remplacée par «ce que je peux faire pour moi».
Certains dirigeants de parti continuent de vivre au rythme d’une gloire ancienne, ne se souciant guerre de l’évolution de leur société.
Comme ces généraux qui envoyaient des régiments s’emparer d’une position imprenable, en leur expliquant que c’est indispensable. Le processus démocratique amorcé dans notre pays est irréversible.
Compter sur une quelconque aide administrative n’est plus de mise pour nos glorieux partis politiques. Vu le train avec lequel vont les choses actuellement, et à moins d’un miracle, les islamistes vont droit devant vers une nouveau ras de marrée au mois de juin prochain.

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