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Congrès judéo-musulman de Séville : Polémique autour de l’affaire des caricatures

La première journée des travaux de la deuxième édition de ce dialogue judéo-musulman a été marqué par une vive altercation verbale entre le moufti de Marseille et le directeur de l’ISESCO. Intervenant sur un ton crispé, Soheib Bencheikh, a critiqué "un congrès officiel et politique qui ne nous donne pas la possibilité d’exprimer nos idées librement", demandant par la-même plus de temps pour s’étaler dans sa communication au même titre que les intervenants officiels. Après avoir appelé à une "relativisation du coran", notamment en ce qui concerne les passages qui font référence aux juifs et aux chrétiens, Bencheikh a dénoncé le contenu de l’intervention faite la veille par le directeur général  de l’ISESCO qui, selon lui, "réclame une résolution de l’Onu condamnant les caricatures blasphématoires contre le prophète".  "Je trouve cela totalement absurde", a-t-il lancé. Il a estimé que les musulmans ne doivent pas réagir à ces provocations. Dans un droit de réponse, Othman Altwaijiri a clarifié qu’il n’a jamais réclamé une résolution de l’Onu dans ce sens mais qu’il a "demandé aux participants au congrès d’adopter une recommandation qui demande aux Nations Unies d’interdire toutes les atteintes aux symboles des religions et des croyances". Il s’est étonné et s’est interrogé comment un musulman qui "de surcroît affirme qu’il dirige une association islamique" peut être en faveur des caricatures portant atteinte au Prophète Sidna Mohammed. Le ton est encore monté lorsque le mufti algérien est sorti de la salle des conférences où se tient le Congrès, en criant et dénonçant "les politiciens et des Etats arabes qui prennent en otage l’Islam". "C’est l’Islam officiel et ce sont eux qui nous empêchent d’avancer", a-t-il hurlé.

Abdulaziz Othman Altwaijiri avait affirmer auparavant que tout dialogue entre musulmans et juifs est "tributaire de la garantie du droit du peuple palestinien à vivre en paix et à fonder un Etat indépendant sur ses terres". L’ISESCO participe à cette deuxième édition de ce dialogue judéo-musulman "conformément à sa vocation d’organisation pan-islamique dédiée à la propagation de la culture de la paix et du dialogue entre les peuples tout en préservant les spécificités culturelles de la Oumma islamique", a expliqué le directeur général de l’organisation.  "J’insiste sur l’obligation pour tout un chacun de respecter la religion et les croyances des autres et à ne pas offenser leurs symboles comme cela est arrivé avec les caricatures blasphématoires du Prophète Sidna Mohammed, publiées par un journal danois et reprises par plusieurs publications européennes", a-t-il dit, se prononçant pour une résolution internationale qui criminalise l’atteinte aux religions et aux prophètes.

Plus de 150 imams et rabbins venus du monde entier, notamment du Proche-Orient, poursuivaient lundi à Séville leurs discussions sur les moyens de travailler ensemble à la paix.
Réunis en ateliers ou tables rondes, ces religieux se sont donnés pour objectif de parvenir à élaborer d’ici la fin de leurs travaux mercredi "un plan d’action", en particulier dans le domaine de l’éducation, explique Cyril Dion, un responsable de la fondation Hommes de Parole qui a lancé le projet.

"L’année dernière, c’était la rencontre. Cette année, au travail", résume-t-il, soulignant la présence à Séville d’une délégation d’une vingtaine de personnes venues de Gaza. Le premier Congrès mondial des imams et rabbins pour la paix s’était tenu en janvier 2005 à Bruxelles. Cette fois-ci, à Séville, les participants doivent déboucher sur des propositions concrètes de travail en commun qui feront l’objet d’un suivi, notamment le lancement d’un Observatoire international inter religieux.

Pour le mettre en place, le Congrès, qui compte parmi ses partenaires la Fondation des Trois Cultures (créée à l’initiative du Maroc et de l’Andalousie), la Fondation Edmond de Rothschild, la Fondation Ford, le Qatar et la Kingdom Holding Company du prince saoudien Al Walid Bin Talal, utilise une technique de travail dite "open space" qui permet aux participants d’élaborer leurs propres thématiques afin de mieux les engager.

Les organisateurs de la rencontre ont souligné dimanche soir, à une semaine des élections israéliennes, l’urgence d’une action commune des hommes de religion pour la paix et contre l’extrémisme dans le monde, malgré la tension qui prévaut notamment au Proche-Orient.

"Nos religions ont été prises en otage", a ainsi dit le conseiller André Azoulay, soulignant le poids symbolique de Séville pour le dialogue judéo-musulman,"il faut que nous soyons à la hauteur de nos ancêtres".  Le grand rabbin d’Israël Yona Metzger a pour sa part regretté le silence de la "majorité modérée" chez les musulmans, demandant: "pourquoi vous taisez-vous quand Ben Laden se permet de parler au nom de l’islam?". L’imam de Gaza Imad al-Falouji, venu à la tête d’une délégation d’une vingtaine d’imams et personnalités, a insisté sur la nécessité de compréhension réciproque: "nous devons réaliser un dialogue responsable et sérieux", a-t-il dit, "je m’engage à ressentir ce que ressentent les autres s’ils s’engagent aussi à ressentir ce que moi je ressens".

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