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Conséquences d’une guerre

Seules 7.000 à 8.000 personnes ont manifesté, dimanche dernier à Rabat, leur solidarité au peuple irakien contre une éventuelle frappe américaine. On est loin de la manifestation d’avril 2002 qui a réuni, pour le même motif, quelque 200.000 Marocains. Malgré le branle-bas de combat d’une cinquantaine d’associations, de partis et de syndicats et de la mobilisation des islamistes, la cause irakienne ne semble plus mobiliser grand monde. Il est vrai que dans le souci de ne pas trop heurter de front l’allié américain, le gouvernement Driss Jetou n’a autorisé cette manifestation qu’après d’âpres négociations avec les organisateurs qui ont fini par s’engager à limiter localement la mobilisation de leurs structures organisationnelles à la seule ville de Rabat et à ses environs. Tout compte fait, la guerre programmée contre l’Irak ne nous concerne vraiment que sous un angle affectif de solidarité arabe et islamique.
Objectivement, nos intérêts stratégiques nous dictent la prudence. C’est l’attitude manifestée par le gouvernement Jetou confronté à plusieurs défis qui, curieusement, transitent tous, d’une manière ou d’une autre, par Washington.
Arrive en premier lieu l’affaire de notre intégrité territoriale. Le dossier du Sahara relève de la compétence exclusive d’un ancien secrétaire d’Etat américain, James Baker, mandaté par le secrétaire général de l’ONU pour trouver une issue définitive à un conflit qui s’éternise sans raison valable. Ne serait-ce que pour cette raison, le gouvernement marocain a toutes les raisons d’éviter d’incommoder l’Administration américaine qui, outre cet aspect diplomatique, est par ailleurs notre allié militaire depuis pratiquement notre indépendance.
Économiquement, c’est ce qui nous intéresse ici, le Maroc et les Etats-Unis ont beaucoup avancé dans leurs négociations pour l’établissement d’une zone de libre-échange. Les pourparlers reprennent le 18 janvier pour aller crescendo.
Au chapitre des dégâts collatéraux que le gouvernement Jetou peut craindre d’une éventuelle invasion de l’Irak par l’armée américaine, on pense surtout au pétrole. Le Maroc importe tout ce qu’il consomme et, même si Bagdad n’est pas un fournisseur qui compte, on peut craindre les retombées directes du renchérissement du prix du baril sur notre fragile économique. La facture pourrait se chiffrer à des milliards de dirhams. Driss Jetou doit probablement prier pour que cette guerre n’ait pas lieu.
Mais, tout compte fait,, s’il arrive à manoeuvrer convenablement, le Maroc pourrait, non seulement déjouer les pièges d’un conflit aux conséquences sournoises, mais, pourquoi pas, en tirer profit à travers la négociation de nouvelles aides américaines stratégiques et économiques.

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