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Criquet : Mode d’action

«Elles couvrirent la surface de toute la terre, et la terre fut dans l’obscurité ; elles dévorèrent toutes les plantes de la terre et tous les fruits des arbres, tout ce que la grêle avait laissé ; et il ne resta aucune verdure aux arbres ni aux plantes des champs dans tout le pays d’Égypte ». C’est ainsi que la Bible décrit un phénomène loin d’être nouveau, mais toujours aussi dévastateur : la razzia et les dégâts qui vont avec, des criquets. Comment se présente cet insecte ? Le mâle est d’une longueur de 60 mm, la femelle, 80 mm. Il dispose de deux paires d’ailes membraneuses séparées et de deux puissantes mâchoires pour dévorer les végétaux. Voilà pour la physionomie.
Que ce soit des feuilles, des tiges, des fruits ou des fleurs, le criquet dévore tout.
Il vit en solitaire, ou en groupe lors des migrations. Sa longévité va de 8 à 10 mois. Il se reproduit en pontes, plusieurs par an. L’incubation va de 10 à 14 jours sous les tropiques et peut aller à 70 jours à des températures plus fraîches. Nombre d’oeufs : de 80 à 100.
Pèlerins, migrateurs, nomades, puants… On dénombre environ 12000 espèces d’acridiens dans le monde. Quelque 500 environ peuvent causer des dégâts à l’agriculture. Une vingtaine d’autres sont des ravageurs féroces. Dans de nombreuses régions, les criquets représentent une menace importante pour l’agriculture. Plus de la moitié des terres émergées peut être sujette à l’attaque de leurs essaims. Un continent tout entier peut être envahi. L’Afrique est particulièrement concernée. Et pour cause, les criquets se multiplient très rapidement, et la moindre amélioration de leur environnement augmente leurs capacités de reproduction.
C’est le cas, lorsque sous l’effet des pluies, la végétation se développe, favorisant la reproduction de l’insecte et la diminution de sa mortalité. Leur pullulation peut apparaître ou se renforcer à cause de l’arrivée de criquets ailés, dits «allochtones» (venus d’ailleurs). Il s’agit de migrants qui se rassemblent sur un site qui leur est favorable pour pondre une descendance à la fois nombreuse et dévastatrice. En forte densité, certaines espèces se regroupent. On dit alors qu’elles deviennent grégaires. Cette grégarisation très spectaculaire se traduit par des formations de bandes de larves ou de vastes essaims d’ailés aux capacités migratrices très connues.
Certaines pratiques agricoles ou industrielles favorisent les pullulations de criquets. Ainsi, le surpâturage, la déforestation, l’irrigation, l’introduction de nouvelles variétés cultivées, la construction de barrages peuvent renforcer les capacités destructrices d’un criquet, ou même transformer un criquet non nuisible en criquet ravageur.
Le criquet pèlerin (Schistocerca gregaria ForskÃ¥l) passe très facilement d’une forme solitaire inoffensive à une phase grégaire nuisible. Ses capacités de déplacement, l’extrême densité de ses essaims et sa voracité font peser sur l’agriculture de nombreux pays une menace redoutable. Tantôt ils vivent dispersés et sont inoffensifs : ils sont dans leur phase solitaire.
Tantôt ils se rassemblent en masse, forment des bandes de larves puis d’énormes essaims . Le passage de l’une à l’autre phase est possible. Il résulte soit d’une multiplication rapide des criquets, soit de leur concentration sur des superficies réduites.
500 criquets pèlerins adultes à l’hectare suffisent pour que s’amorce une pullulation (la phase grégaire). 2 000 à l’hectare pour le criquet migrateur. L’un comme l’autre changent radicalement lorsqu’ils se grégarisent. Leur couleur, leur morphologie, leur physiologie, leur comportement, leur biologie et leur écologie subissent une complète métamorphose. Le plus spectaculaire de cette transformation radicale est la constitution de bandes larvaires et d’essaims d’ailés.
Rassemblées en bandes, les jeunes larves se comptent par milliers au mètre carré. Les plus âgées peuvent couvrir plusieurs centaines d’hectares et parcourir plusieurs kilomètres en un jour. Les essaims rassemblent des dizaines de milliards d’insectes. Ils peuvent envahir des centaines de kilomètres carrés et se déplacer sur des milliers d’autres. Ils volent pendant le jour, alors que les criquets solitaires se déplacent la nuit. Le passage de la phase solitaire à la phase grégaire s’accomplit dans une zone dite aire grégarigène. C’est de là que vont partir les premiers essaims et que l’invasion va commencer.

• Tarik Qattab
[email protected]
Sources : www.au.appo.org
www.cirad.fr
www.wikipedia.

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