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De la révolution à la désillusion

Nous sommes au coeur de l’année 1979. Ayatallah Khomeiny rentre triomphateur à son pays, l’Iran, après quinze années d’exil. Dans le monde arabe, c’est la transe dans les rangs des islamistes. Mais dans les milieux politiques, la prudence est de mise. Le vieux Khomeiny qui focalise l’attention des jeunes arabo-musulmans désoeuvrés et accapare leur sympathie, venait à peine de quitter l’Irak, le pays qui l’a accueilli durant quatre ans avant qu’il ne se dirige vers la France, d’où il tisse les derniers traits de sa révolution. La Savak est tombée entre les mains des mollahs, les communistes potentiels se retrouvèrent en quelque sorte dans le discours des révolutionnaires Chiïtes. Le Shah, destitué, tâtonne l’expérience de l’exil au Maroc puis en Egypte. Son bref séjour au Royaume a soulevé de vives réactions dans les lycées, à l’université et suscité la ruée des contestataires de tous bords sur la rue. En Egypte, le chanteur engagé, Cheikh Imam lui consacre tout un album.
« Ce sont des Chiïtes et nous sommes des Sunnites, et ils veulent nous entraîner dans la logique de celui qui cherche son oreille ». Et la chanson d’ajouter : Certains disent qu’ils sont des communistes déguisés sous les habits des Chiïtes, parce que, tout naturellement, ils craignent que cela ne se transforme en deux révolutions».
Peu de temps après, le Shah est mort, dans l’exil et la solitude, après une lutte infernale contre la maladie et l’ingratitude des amis. Du côté du monde arabo-musulman, contrairement aux régimes modérés, comme le Maroc et l’Egypte, les « radicaux » s’attendaient à une volte-face au niveau des positions iraniennes à l’égard du monde arabe. Mais, combien d’attentes étaient vaines et déçues.
La Révolution coupe le cordon ombilical qui la liait aux Palestiniens, en blasphémant la direction de l’OLP (Organisation de libération de Palestine)et en traitant son dirigeant Yasser Arafat de haute trahison passible d’une condamnation à mort.
Dans le même ordre de déceptions, l’Iran dévoile ses visées sur le Golfe arabe, dit persique dans le lexique de la géographie iranienne. La guerre avec l’Irak, déclenchée au nom d’Allah, lui a valu l’hostilité de la majorité des pays arabes. Entre temps, les fatwas foisonnent de l’intérieur de Téhéran, contre tout ce qui bouge dans le sens de l’autonomie par rapport aux aspirations des autorités iraniennes. Des autorités qui se proclament anti-américaines et anti-israéliennes, mais également, contre l’OLP et en faveur de la Syrie.
Après la fin de la première guerre du Golfe, et particulièrement depuis la mort de Ayat Allah Khomeiny, en 1989, l’Iran a commencé à changer. Aujourd’hui, la révolution islamique a perdu énormément de son rayonnement et, à plus d’un égard, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même.

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