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De l’exil au coeur du pouvoir

Ceux qui le connaissent de près, pourraient, assurément, le confirmer. Abderrahman Youssoufi appartient à une catégorie d’hommes en voie de disparition. Joignant l’engagement de principe et la détermination à la volonté de faire avancer les choses, cet homme, qui vit depuis belle lurette avec un seul poumon, est doté d’une énergie et d’une force de caractère d’une trempe exceptionnelle.
En janvier 1975, alors que la terre brûlait de mille feux, ses amis de l’intérieur ( tel était alors l’appellation des militants qui sont restés au Maroc au lieu de choisir l’exil) décidèrent, sous la conduite de Abderrahim Bouabid, de tenir un congrès extraordinaire pour annoncer leur adhésion au nouveau consensus national et participer aux élections.
A l’extérieur, là où il vivait, les amateurs de la révolution foisonnaient de partout. Mais, lui, il a décidé de soutenir les efforts déployés pour la réconciliation nationale. En 1981, alors qu’il venait à peine de regagner le pays, après 14 années d’exil, Me Youssoufi, s’est vu, pour la première fois, confronté à la gestion du passif d’une longue période de malentendu entre les différents partenaires du champ politique.
Trois membres de la direction de l’USFP, en l’occurrence Abderrahim Bouabid, Mohamed Elyazghi et Mohamed Lahbabi, étaient emprisonnés à Meysour. Dans la même période, plus de deux cents cadres et militants de son parti, qui furent en même temps, membres de la CDT ou d’associations et /ou organisations proches ou parallèles de l’USFP, étaient répartis entre différentes prisons du pays. En 1982, à l’occasion du décès de Ahmed Bouzidi, dirigeant de la CDT, il évoqua, pour la première fois, les vertus de la force tranquille. A l’époque, les socialistes français s’étaient installés à l’Elysée et Matignon, mais, dans d’autres coins du monde, la répression battait son plein. Habib Achour, le dirigeant historique du mouvement syndicaliste tunisien, était en détention suite aux événements qui ont secoué la Tunisie en janvier 1981, en Pologne Lech Valesa, venait, également d’être arrêté, et son syndicat, Solidarité, interdit. Le 8 mai 1983, alors que le Comité central de l’USFP s’apprêtait à tenir une réunion pour adopter une position favorable à la participation aux élections, les amis de Abderrahman Benameur s’accrochèrent à des positions hostiles à la ligne officielle du parti. Faute de concession, ils rentrèrent en accrochage avec les membres du Comité central. Une rixe qui tourna en une confrontation avec les forces de l’ordre de Rabat, conduites par le Wali, feu Benchemsi.
En pleine bataille, bon nombre de militants ont vu Me Youssoufi lire son journal, comme si de rien n’était. Ce même comportement, il l’a eu dans des circonstances beaucoup plus graves. En juillet 1984, il préside le IVème congrès du parti et fait montre d’une inflexibilité totale en ce qui concerne l’application de la procédure organisationnelle. En 1986, il fournit un grand effort pour que les rapports entre le Maroc et les Palestiniens reprennent leur élan habituel, à savoir celui de la compréhension mutuelle et de la fraternité. Une tâche difficile à gérer surtout depuis la participation des séparatistes du Maroc au Conseil national palestinien qui s’est déroulé à Alger.
En 1989, il se retrouve, une fois encore, à la présidence du congrès de l’USFP. Un événement marqué par le ras-de marée des amis de Noubir Amaoui.
Le 8 janvier 1992, il suit le cortège funèbre de Abderrahim Bouabid et annonça son fameux serment de fidélité aux idéaux pour lesquels le défunt a sacrifié sa vie.
Après les élections législatives de 1993, il démissionne de son poste de premier secrétaire du parti, en signe de protestation contre les manipulations qui ont marqué les élections indirectes de septembre 1993 et se retire en France. Mais, sous la pression de ses camarades et dans la perspective de nouvelles réformes, il rejoint son poste, en août 1995, pour conduire la campagne pour la réforme constitutionnelle et les élections anticipées. Moins de trois années plus tard, soit le 4 février 1998, il est nommé Premier ministre. Une mission qu’il continue à remplir jusqu’aujourd’hui.

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