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Démocratie : Le Maroc dans le jeu américain

Le Maroc abritera la première rencontre du « Forum de l’Avenir » qui aura lieu le 11 décembre prochain. Plus de 25 pays ainsi que plusieurs organisations internationales et des regroupements régionaux ont déjà confirmé leur participation à cet événement dont l’organisation a été décodée dans le cadre de l’initiative « Partenariat pour le progrès et un avenir commun avec la région du Moyen-Orient élargi et l’Afrique du Nord »(BMENA). Une initiative adoptée par les chefs d’Etat et de gouvernement du G8, lors du dernier sommet tenu à Sea Island en juin dernier auquel avaient participé certains chefs d’Etat arabes en leur qualité d’invités.
La réunion de la première édition de ce forum intervient à un moment où la situation dans le monde arabe en général et au Proche-Orient en particulier connaît des développements qui augurent d’une profonde mutation notamment suite à l’intervention américaine en Irak, l’impasse où se trouve le processus de paix israélo-palestinien et l’incidence de ces deux situations graves sur la stabilité de la région.
Le Forum sera donc l’occasion pour les participants de débattre sur les moyens à même d’impulser des processus de développement économique et social ainsi, et surtout, de promouvoir la démocratisation des pays arabes. Il s’agit en fait d’une rencontre où il sera question de mettre en place les mécanismes de mise en oeuvre d’un système de coopération basé sur la règle : assistance au développement contre démocratisation et ouverture.
En effet, la rencontre sera l’occasion pour la présentation du projet du « Grand Moyen-Orient » élaboré par l’Administration américaine pour exhorter les dirigeants arabes à engager des réformes démocratiques dans leurs pays respectifs.
Un plan qui avait d’ailleurs déjà été exposé, il y a quelques mois, aux différents Etats arabes et qui avait suscité des réactions de rejet total de la part de la plupart des gouvernements de la région. Cela étant, la nouvelle formule, qui consiste à réunir toutes les parties concernées dans le cadre d’une rencontre dont l’objectif est de « débattre » ouvertement et en dehors de toute contrainte, semble plus acceptable. Preuve : la plupart des pays arabes ont accepté d’y participer. D’ailleurs, il est à signaler que, dans les objectifs officiellement avoués de la rencontre, des expressions comme « réformes démocratiques » qui font peur à certains gouvernements arabes ont été évitées. Dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération dont le titulaire co-présidera les travaux de la réunion avec son homologue américain, il est précisé que « les participants à la rencontre examineront les voies et moyens pour consolider l’engagement des pays de la région en faveur du co-développement fructueux et d’un partenariat visant le renforcement harmonieux des processus de réformes politiques, économiques et sociales, tel que cela fut exprimé, notamment, lors du sommet de la Ligue des Etats arabes, tenu à Tunis en mai 2004 et dans d’autres enceintes dans la région ».
Aussi, remarque-t-on que l’accent est mis sur le développement économique et social et que l’expression « réformes politiques » remplace l’ancienne version du plan du Grand Moyen-Orient qui parlait de « démocratisation ». Ce qui est considéré comme une atténuation du projet initial qui appelait les pays de la région à s’engager immédiatement dans une réforme démocratique approfondie. Par ailleurs, si le plan initial avait été élaboré par Washington et présenté par la suite aux pays arabes ainsi qu’aux pays européens pour demander leur soutien, le Forum se veut une initiative conjointe du G8. Il compte donc sur la participation des pays européens les plus puissants du Vieux continent.
Ainsi, outre les pays de la région du Moyen-Orient élargi et de l’Afrique du Nord, la rencontre qui aura lieu au Maroc comptera sur la participation des ministres des Affaires étrangères et des Finances des pays membres du G8 (Etats-Unis, France, Royaume Uni, Allemagne, Italie, Japon, Canada, Russie).
Le Forum est aussi ouvert à la participation des organisations internationales et de groupements régionaux notamment la Ligue arabe, l’Union du Maghreb arabe, le Conseil de coopération du Golfe et l’Union européenne. Selon le ministère des Affaires étrangères, « le Forum de l’Avenir est un espace de dialogue et de concertation qui, dans sa conception et son architecture, se veut souple et ouvert à l’ensemble des pays de la région et à leurs partenaires qui souhaiteraient s’y joindre. Mais, si le Forum a été favorablement accueilli par les pays de la région, au Maroc, certaines forces politiques ont déjà annoncé qu’ils s’opposaient à sa tenue au Royaume. Il s’agit notamment du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et du Parti de la justice et du développement (PJD).
Toutefois, si la position de ce dernier est plus ou moins logique puisqu’elle cadre avec son idéologie politique à référence islamiste, celle du premier est totalement incohérente avec son statut de formation politique qui participe au gouvernement et qui est censé adhérer à la vision de l’exécutif dont il fait partie et dont l’un de ses membres est le porte-parole officiel.
En tout cas, l’organisation de ce Forum au Maroc est de nature à mettre en valeur les avancées démocratiques du Royaume. Car, il est évident que le Maroc demeure l’exception démocratique du monde arabe.

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