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Dr. Bezad : Les Marocains sont irresponsables

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ALM : Le rapport de l’ONU sida, publié en début de semaine, tire la sonnette d’alarme quant au développement de ce fléau au monde. Qu’en est-il du Maroc?
Dr Nadia Bezad : Les chiffres que contient ce rapport n’ont été une surprise pour personne. Les différentes organisations et associations de lutte contre le sida de par le monde s’attendaient à un développement rapide de ce fléau. Au Maroc, 1.438 personnes se trouvent en stade de maladie, alors que les chiffres du ministère de la Santé estiment le nombre des séropositifs à quelque 16.000. Ces chiffres vont s’accroître très rapidement vu l’introduction de nouvelles méthodes de dépistage, notamment le test rapide qui permet de dévoiler les résultats des analyses en 20 minutes, alors que les anciennes méthodes demandaient plusieurs journées pour connaître les résultats du test. L’accessibilité d’une plus grande frange de la population au dépistage aboutirait à l’augmentation des cas de personnes atteintes par le virus, qui, auparavant, ne découvrent le mal qu’à un état avancé de son développement.
Comment expliquez-vous la propagation rapide du sida au Maroc?
Il n’y a pas que le sida qui se développe de plus en plus rapidement au Maroc. Toutes les infections sexuellement transmissibles sont en hausse dans notre pays. Chaque année, quelque 350.000 nouveaux cas de MST sont enregistrés. La première et la plus importante cause demeure la prolifération de rapports hétéro-sexuels non protégés. Les comportements sexuels des Marocains sont très dangereux. La non-utilisation de préservatifs, combinée avec la multiplication des partenaires sexuels est une sorte de bombe à retardement. Cette inconscience met, non seulement la vie de la personne en danger, mais également celle de ses partenaires.
Quelles sont les catégories les plus touchées ?
Les jeunes se trouvent incontestablement en première ligne. Cette liberté sexuelle que nos jeunes connaissent actuellement les rend très vulnérables face à ce fléau. Les Marocains n’ont pas l’habitude de se protéger lors de rapports sexuels, qui, disons-le une deuxième fois, demeurent le premier moyen de transmission du virus, pas uniquement au Maroc, mais un peu partout dans le monde. C’est pour ces raisons que l’essentiel des actions de sensibilisation, entreprises par l’Organisation panafricaine de lutte contre le Sida (OPALS), sont destinées aux jeunes.
Elles visent essentiellement de les faire responsabiliser quant aux dangers de certains comportements. D’où l’importance d’une bonne éducation sexuelle, que ce soit sur les bancs de l’école, ou dans le cadre de programmes spécifiques ciblant les adolescents non-scolarisés. Les personnes d’un certain âge, entre 40 et 45 ans, ont souvent un raisonnement je-m’en-foutiste. Ils se disent que dans 10 ou 15 ans, le temps que prend la maladie pour se déclarer, ils auraient atteint la soixantaine, un âge relativement avancé. Ce qui n’est pas le cas pour un adolescent de 15 ans qui risque de briser sa vie par une attitude inconsciente.
Quelle prise en charge est prévue pour les sidéens au Maroc ?
D’un point de vue purement médicale, une grande majorité des 1438 malades est prise en charge entièrement par le ministère de la Santé et les différentes associations de lutte contre le sida. Des malades accueillis dans deux grands centres, aux CHU Avicenne et Ibn Rochd. Deux centres régionaux à Marrakech et Fès ont également été ouverts pour permettre une plus grande couverture géographique de la prise en charge des sidéens. Il est à signaler que le traitement du sida, par le biais de la tri-thérapie ottoman, coûte 1.000 DH par mois. Il n’y a pas longtemps, il avoisinait les 4000 DH par mois. En outre, une prise en charge psychologique est fournie pour les malades déclarés qui se trouvent marginalisés et victimes de plusieurs actes de discrimination.
Quelles sont les actions engagées par ces associations de lutte contre le sida afin de stopper la développement de la maladie ?
Il est important de signaler que ces associations et ONG sont dépassées. L’ensemble des actions menées insiste sur la prévention, à travers des campagnes de sensibilisation, s’appuyant de plus en plus sur des supports numériques et adoptant une approche participative. Plusieurs indicateurs permettent d’évaluer l’impact des différentes actions menées, notamment le nombre de personnes dépistées, les demandeurs de préservatifs ainsi que le nombre de conférences et séminaires que nous sommes sollicités d’animer.

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