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DR Mohamed Chahbi : «Il est inadmissible de faire payer des patients pour des organes donnés gratuitement»

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ALM : La loi en vigueur stipule que seuls les hôpitaux publics ont le droit de réaliser des prélèvements. Pourquoi ce monopole?
Dr Mohamed Chahbi : Ce n’est pas spécifique au Maroc, c’est le cas de toutes les législations du monde en matière de prélèvement d’organes. Le problème qui se pose se situe plutôt au niveau des agréments accordés par le ministère de la santé aux établissements privés pour les transplantations des greffons. D’ailleurs nous assistons aujourd’hui à un engouement du privé pour effectuer ces greffes, mais c’est le problème de traçabilité des greffons qui fait craindre le pire au ministère de la santé. La crainte majeure dans ce sens réside dans l’éventualité de laisser une marge au trafic d’organes ainsi qu’à une anarchie au niveau des tarifs.
 
Quel sera le moyen d’éviter que cela ne se transforme en business pour les cliniques privées?
Il y a peu de temps j’avais proposé au ministère de n’accorder les autorisations de transplantations de greffons qu’aux établissements qui s’engagent à le faire de façon gratuite. Autrement, la situation risque de dégénérer.

A quelle hauteur importez-vous des greffons?
Pratiquement toutes les greffes de cornée au Maroc ont été faites par des greffons importés, seules 5 ou 6 ont été réalisées via des greffons de la banque des yeux de Marrakech. Moi-même j’ai conclu une opération d’importation de greffons des Etats-Unis. J’ai pu négocier avec la Banque de Baltimore un accord selon lequel il nous a été fourni des greffons au prix préférentiel de 695 dollars. Il était prévu de nous en donner pratiquement 150 par an.

Qu’est-il advenu de cet accord ?
N’ayant pas l’agrément pour effectuer ces greffes au niveau de ma clinique j’ai été contraint de les confier à un établissement privé. Toutefois j’ai été désagréablement surpris de voir que ces greffons, obtenus à 695 dollars, sont facturés à des prix inadmissibles. L’hôpital les facture à des prix qui peuvent atteindre 26.900 DH l’unité ! Ce qui est exorbitant et c’est exactement le genre de dérapages qu’il faut éviter.
 
Ce scénario peut-il se reproduire dans d’autres cliniques si le ministère ne reprend pas les choses en main?  
Oui, et c’est pourquoi j’insiste sur la nécessité d’imposer la gratuité au niveau des honoraires afin de garantir l’intérêt du patient. Ces organes sont donnés gratuitement et il serait aberrant de les facturer pour les patients.

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