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Driss Basri : Forfaiture en direct

© D.R

L’émission vedette de la chaîne de télévision Al Jazeera dirigée par Faïçal Al Kacim, « Al Ittijah Al Moakis » (à contre-courant) a choisi pour thème, mardi dernier, les relations entre le Maroc et l’Algérie. « Qui est responsable de la détérioration répétée des relations maroco-algériennes ? » état la question que le modérateur de l’émission a posée à ses deux invités : le député istiqlalien Hassan Abdelkhalek et un ex-député algérien, membre actif du Front de libération nationale (FLN) du nom de Mohamed Bouazarah.
Au cours de cette émission, Hassan Abdelkhalek, membre du Comité exécutif du parti de l’Istiqlal et rédacteur en chef du quotidien «Al Alam» a fait une excellente prestation. Ainsi, il a réussi à mettre en évidence, devant les téléspectateurs de la chaîne quatriote, la responsabilité de l’Algérie dans la détérioration des relations maroco-algériennes et a démontré la légitimité de la position marocaine concernant son intégrité territoriale. Il a aussi démontré avec des faits historiques et des données confirmées que l’Algérie est le véritable adversaire de la position légitime du Royaume sur ses provinces sahariennes et que c’est Alger qui a créé ce conflit artificiel. Le rédacteur en chef «d’Al Alam» a souligné les positions contradictoires des thèses de l’Algérie qui prétend ne pas être une partie du conflit, alors qu’elle avait proposé au secrétaire général de l’ONU le partage du Sahara. Le conflit est entre le Maroc et l’Algérie, a expliqué Hassan Abdelkhalek qui a mis en relief l’implication multiforme de l’Algérie dans ce conflit et les conséquences de l’attitude hostile au Maroc des dirigeants algériens. «L’Algérie est l’adversaire principal du Maroc dans l’affaire du Sahara et le responsable numéro un de la tension artificielle entretenue dans la région», a-t-il affirmé.
Durant l’émission, un sondage a été réalisé via Internet. Les internautes qui devaient répondre à la question : «Qui est responsable de la détérioration répétée des relations maroco-algériennes ?» ont répondu à une majorité écrasante de 86.9 % contre 13.1 % que c’est Alger qui assume cette responsabilité. La même question a été posée, lors d’un sondage réalisé par téléphone, et les réponses ont confirmé le résultat du premier sondage. Ainsi, 61 % des personnes sondées ont répondu que c’est l’Algérie qui est responsable de la situation de tension entre les deux pays.
L’émission a connu aussi la participation par téléphone de plusieurs intervenants dont des membres du Polisario installés en Espagne et des Algériens. Côté marocain, l’émission a été marquée par une nouvelle sortie hasardeuse de l’ex-ministre de l’Intérieur, Driss Basri. Interrogé par le Dr Faïçal Al Kacim sur la tension existant entre le Maroc et l’Algérie, Basri a tout simplement répondu qu’il n’existe aucune tension entre les deux pays et que tout n’est qu’une invention des médias des deux pays. S’agissant de l’affaire du Sahara marocain et de la position algérienne hostile à l’intégrité territoriale du Royaume, l’ex-ministre de l’Intérieur a répondu que ce conflit est actuellement soumis au Conseil de sécurité évitant ainsi de commenter l’hostilité algérienne. Une attitude étonnante de la part d’un homme qui est censé être l’un des meilleurs connaisseurs du dossier puisqu’il en était le gestionnaire exclusif durant plus de deux décennies. Toutefois, ce n’est pas cette attitude passive de l’ex-ministre de l’Intérieur qui a choqué les téléspectateurs marocains. En effet, ce qui a étonné tout le monde c’était d’entendre Basri parler des provinces marocaines du sud en parlant de « Sahara occidental ». L’homme qui prétendait être le premier responsable du dossier du Sahara marocain renie sa marocanité et se permet de parler en direct, lors d’une émission consacrée au conflit maroco-algérien du « Sahara occidental ». Au-delà de l’aspect patriotique de la question, l’on se demande si Driss Basri, qui avait opté pour une gestion sécuritaire de ce dossier, a oublié que la loi pénalise quiconque porte atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume. Faut-il rappeler à l’ex-ministre de l’Intérieur que l’article 190 du code pénal stipule : «Est coupable d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, tout Marocain ou étranger qui a entrepris, par quelque moyen que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire marocain. Lorsque l’infraction a été commise en temps de guerre, le coupable est puni de mort. Lorsqu’elle a été commise en temps de paix, le coupable est puni de la réclusion de cinq à vingt ans ».
En tout cas, ce qui est clair est que l’ex-ministre de l’Intérieur a perdu ses repères. D’ailleurs, Basri n’est pas à sa première sortie médiatique. Depuis qu’il avait été limogé en novembre 1999, l’ex-ministre n’a pas su s’éclipser en silence et se faire oublier. Bien au contraire, il a tenté d’attirer l’attention sur lui en accordant des entretiens à gauche et à droite à la presse nationale, espagnole et française. Mais les interviews qu’il accordait coïncidaient toujours avec des situations où le Maroc faisait face à des hostilités de pays voisins.
Dans un entretien accordé au quotidien espagnol «El Mundo», Driss Basri avait prétendu que le Maroc « a mené quelques opérations contre l’Algérie » et que « le Maroc avait lancé, durant plusieurs années, des opérations secrètes contre l’Algérie ». À «ABC», un autre quotidien espagnol, il dira que « le Maroc a bien été un sanctuaire pour les terroristes algériens du GIA durant de longues années » et que « l’Algérie était le laboratoire du Maroc en 1993″. En juillet 2004, il ira même jusqu’à s’allier à l’un des personnages politiques espagnols les plus hostiles au Maroc, à savoir l’ex-président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar. Invité par ce dernier à devenir membre de la  » Fondation pour l’Analyse et les Études sociales » (FAES) dont il est le président et le fondateur, il n’hésita pas à s’allier à l’homme qui avait envahi l’îlot Leila. Et, non seulement il accepta l’invitation, mais il n’hésitera pas à afficher sa satisfaction d’avoir été sollicité par José Maria Aznar, alors qu’il savait que l’unique raison qui avait poussé ce dernier à l’inviter était de contrarier le Maroc. Dans une interview publiée dans la presse locale, il a expliqué qu’il avait accepté avec plaisir l’invitation de José Maria Aznar et qu’il allait faire une intervention lors de la conférence organisée par la FAES dans le cadre du thème principal, à savoir « Un agenda possible pour l’Europe réunifiée ».
Aussi, c’est en Espagne qu’il accorda plusieurs entretiens à la presse multipliant ainsi les sorties hasardeuses. Ainsi, il s’était permis de critiquer l’actuel chef du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, à qui il a reproché d’avoir « anticipé » que le conflit du Sahara serait résolu dans six mois. «Je ne sais pas si Zapatero sait réellement de quoi il parle», avait-il déclaré à la presse.
S’agissant des attentats du 11 mars à Madrid, l’ex-ministre de l’Intérieur n’a pas hésité à contredire la thèse des autorités marocaines, selon laquelle l’origine du terrorisme serait la radicalisation, à l’étranger, de jeunes immigrants maghrébins. « Le terrorisme naît au Maroc avant d’être exporté vers l’Europe », avait-il affirmé dans un entretien publié par un quotidien espagnol. Quelques semaines plus tard, interrogé sur l’assassinat en Espagne du Marocain Hicham Mandari, il dira dans une déclaration à un quotidien espagnol qu’en ce qui concerne les auteurs éventuels de ce crime, « il est logique de regarder vers le Maroc » avant d’ajouter : « Mandari ne se rendait pas compte que ses dernières déclarations à la presse marocaine signaient son arrêt de mort ».
Aujourd’hui, avec sa déclaration à la chaîne Al Jazeera où il a désigné les provinces du sud comme le « Sahara occidental », l’ex-ministre de l’Intérieur couronne sa série de déclarations hasardeuses en se positionnant en dehors de l’unanimité nationale sur l’intégrité territoriale du Royaume.

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