ALM : Comment trouvez-vous l’idée de la création d’une Banque maghrébine pourra transcender la politique vers un accord économique des pays du Maghreb?
Driss Benali : À mon avis, il faut être réaliste. On ne peut pas transcender le politique par l’économique. Prenons l’exemple de l’Union européenne. Si elle est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est bien parce que la France et l’Allemagne ont réussi à dépasser leurs différends et résoudre les conflits qui ont fait l’objet de guerres sanglantes entre leurs deux peuples. C’est un modèle très vivant que les pays du Maghreb devraient prendre en considération et ne plus se faire d’illusion.
Donc, il sera de même pour l’UMA?
Je ne serai pas aussi extrême, d’un autre côté, il ne faut pas perdre espoir. Si l’UMA a été un fiasco, peut-être que l’Union maghrébine économique se fera à coup de petites touches. Et peut-être aussi, que si les relations étaient densifiées, entre les pays maghrébins à force de contacts, d’échanges et d’intérêts réciproques le politique sera-t-il transcendé par l’économique.
Zouhair Chorfi a insisté sur la nécessité de mettre en place un certain nombre de ratios prudentiels. Etes-vous d’accord avec cette démarche ?
C’est à la fois oui et non. M. Chorfi, en sa qualité de directeur du Trésor, est de nature prudente. Aussi, mettre des bases déterminées et solides à un tel projet semble de mise. Par ailleurs, il ne faut jamais mettre de limites à une dynamique. Il faut au contraire lui laisser libre cours pour se développer. À force de bien faire, on risque, des fois, d’étouffer l’initiative.