Couverture

Du poison dans votre bouffe

«Nous sommes venus pour prendre part à un séminaire, pas pour être transportés aux services d’urgences». C’est ce que semblent dire les participants au séminaire organisé par l’Ecole Hassania des travaux publics à Casablanca et qui ont été victimes d’intoxication alimentaire le week-end passé. Pourtant, les organisateurs ont tout fait pour que le séjour des participants soit agréable, surtout que le public et les animateurs étaient triés sur le volet, y compris des experts venus de l’étranger. Mal leur en a pris, le traiteur leur a fourgué de la mal-bouffe. Des participants ont été transportés aux services des urgences. Heureusement que leur état n’a pas été trop grave.
Ce n’était pas le cas des jeunes qui ont été manger chez un gargotier de Derb Ghallef. L’un d’eux est mort, d’autres sont toujours hospitalisés. Le propriétaire de la gargote a été interpellé et doit répondre du chef d’inculpation d’homicide involontaire.
Sur quelles bases les autorisations d’exercer un métier aussi sensible sont-elles délivrées? Y-a-t-il des mesures à prendre en amont pour prévenir ou le rôle de l’administration se limite-t-il aux actions après coup ? Ces deux questions sont d’une actualité brûlante quand on apprend que le traiteur qui a servi les séminaristes de l’Ecole Hassania n’est pas autorisé en tant que traiteur. Pourtant, tout le monde à Hay Hassani sait que Karim est non seulement spécialisé dans la location d’ustensiles pour fêtes mais qu’il a transformé son local, procédé à des occupations d’espace public pour diversifier son affaire et s’est de facto transformé en traiteur au vu et au su de tout le monde…
La descente des autorités et des services d’hygiène dans les quartiers d’un traiteur, toujours à Casablanca, a permis de saisir l’ampleur des dégâts. Des produits avariés, des restes de festin et repas de fêtes sont recyclés, une odeur à faire oublier toute envie de manger… Heureusement pour les citoyens auxquels on a évité le pire… Surtout que ces mêmes produits allaient servir dans la fabrication de millefeuilles et autres feuilles de pastillas pour le mois de Ramadan…
Il y a un peu plus d’un an, des élèves ont été victimes de pommes de terre frites. L’huile de friture était avariée. La vente de produits impropres à la consommation n’est pas une question de conjoncture ou de cas isolés. La crainte est de voir une véritable machine de fraude s’installer au mépris de la vie des citoyens. Dans tout cela, un chaînon manquant : le véritable contrôle.
En attendant, un jeune Casablancais est toujours alité au CHU Averroès. Le visage pâle, regard hagard, il s’estime chanceux. Son ami a rendu l’âme à la fleur de l’âge. Ils ont tous les deux mangé chez le même gargotier. Du riz, du poisson en conserve et une salade de tomates… La bouffe qui tue…

Articles similaires

ActualitéCouvertureUne

Industrie du futur, c’est maintenant ou jamais pour le Maroc !

Le développement fulgurant des nouvelles technologies révolutionne l’industrie. Alors que des puissances...

CouvertureSociétéUne

Population, santé, conditions d’habitation… Le HCP livre son bilan sur les indicateurs sociaux

Le HCP signale une baisse continue du taux d’accroissement global et naturel...

CouvertureEconomieUne

Le Maroc se lance dans la production d’avions-cargos

Des géants américains de l’aéronautique annoncent un accord pour l’installation d’une zone...

CouverturePolitiqueUne

Le Code de déontologie parlementaire bientôt adopté

Les deux Chambres ont ouvert vendredi dernier la session du printemps