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Éditorial : Amalgame rentable

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Un tracte en arabe attribué à "des étudiants et jeunes" de Tiznit promet sur un ton menaçant "la lutte et le Jihad jusqu’à la fin des temps". Les rédacteurs de ce document aux accents intégristes de la Salafia Jihadia vouent aux gémonies notamment l’USFP et son association "Achouala" pour avoir organisé récemment une soirée poétique dans un lycée de la ville. Il n’en fallait pas plus pour les promoteurs de cette initiative, cités nommément, soient traités de mécréants et de collaborateurs en invoquant des versets coraniques et des hadiths pour justifier le recours à la violence. Faut-il s’en alarmer ou s’en désintéresser ? Faut-il prendre au sérieux les menaces de Tiznit ou les considérer comme un cas isolé peu digne d’intérêt ? En tout cas, le problème est là, qui rappelle encore une fois que le tissu social marocain est traversé par des pulsions dangereuses puisant leur raison d’être dans le registre de l’amalgame et de la haine. Cette nouvelle affaire nous rappelle étrangement la littérature obscurantiste- qui circulait avant les attentats de Casablanca dans les quartiers périphériques de Fès à l’époque d’Abou Hafs – appelant au "pourchas du mal" par le recours à la force. D’où les agressions en série au sabre et même des meurtres qui avaient été commis contre des citoyens sans histoires dont le comportement fut jugé non conforme aux préceptes de la religion. Cela dit, on ne sait pas dans quelle mesure un discours très ambigu comme celui du PJD nourrit comme la sève ce genre d’extrémisme que les islamistes légalisés ne manqueront pas d’engranger sous forme de précieux bulletins de vote à l’occasion des prochaines élections. Les attaques récurrentes du journal Attajdid contre le film "Marock" participent de la même stratégie de cueillette comme un fruit mûr des voix de ceux qui croient que le PJD symbolise la vertu et la morale religieuse. Un PJD, gonflé à bloc, toujours aussi arrogant, qui écrit dans un éditorial dans le journal Attajdid que "le peuple constitue la ligne de démarcation entre nous (les vertueux) et vous (les éradicateurs) ". À quel peuple les dirigeants du PJD font-il référence?  Manière à peine voilée de l’inciter à choisir la violence. Ce genre de propagande fait partie de la pitance quotidienne du PJD. C’est son marchepied vers le pouvoir. Démission en bloc des partis classiques conjuguée à une crise identitaire sur fond de perte des repères et une absence de perspectives pour des pans entiers de la jeunesse marocaine. Dans un tel contexte, le PJD a le beau rôle. On a l’impression que les laissés pour compte, mus par le ressentiment contre les gouvernants, n’ont trouvé de cause qui les fait vibrer que dans l’intégrisme et ses symboles. Dans un pays où la politique contient tout sauf cette part indispensable de rêve, tout porte à croire que les exclus se sont réfugiés dans une mauvaise interprétation de la religion. Et les islamistes marocains sont là pour nourrir une confusion politiquement rentable.         

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