Notre système de retraites est menacé. Il risque de s’effondrer. La faillite assurée. Selon des rapports officiels commandés par le gouvernement, les déséquilibres financiers des régimes de retraite commenceront à apparaître dès 2007. Pour les experts qui se sont penchés sur la question, le maintien de la situation telle qu’elle est actuellement signifie que, dans huit ans, tout le système des retraites s’écroulera puisque le déséquilibre sera général et irréversible.
Nos caisses de retraite ne pourront plus être sauvées. Donc, la réforme s’impose. Elle est urgente et nécessite une action rapide, audacieuse et créative. Le gouvernement avait d’ailleurs promis qu’il procéderait à cette réforme à partir de janvier 2004. Une promesse faite par le Premier ministre, Driss Jettou, il y a plus de dix mois lors des Assises nationales sur les systèmes de retraite au Maroc. Le chef du gouvernement avait alors annoncé que des mesures concrètes allaient être prises dès le début de l’année en cours afin d’éviter le pire. Pourtant, à quelques semaines de la fin de l’année, le problème persiste et le gouvernement hésite encore à affronter ce problème avec l’urgence et l’application requises pour affronter des situations pareilles.
Aussi, apprend-on que le gouvernement est encore au stade de la réflexion, qu’il vient de recevoir de nouveaux rapports et qu’il hésite encore à choisir entre plusieurs options qui lui sont présentées. En deux mots : il ne sait pas encore ce qu’il doit faire.
Or, à deux ans de l’année décisive où les problèmes atteindront le seuil de gravité, on ne peut pas se permettre de prolonger à l’infini l’étape de la réflexion et de l’analyse. D’ailleurs, les résultats des rapports élaborés par des cabinets d’audits étrangers sur commande du gouvernement sont depuis plus d’une année sur le bureau du Premier ministre. Pourtant, rien n’a encore été décidé et l’on continue à créer des commissions et des sous-commissions pour, dit-on, réfléchir à des solutions. Ce qui suppose plusieurs questions sur l’intention du gouvernement d’affronter ce problème. Car, on a l’impression qu’il essaye d’ajourner, sine die, cette question.
Toutefois, les instructions de SM le Roi sont claires sur cette question. Dans le dernier discours du Trône, le Souverain a appelé le gouvernement à agir d’urgence pour sauver le système des retraites. « Il importe également d’élargir la protection sociale et l’assurance-maladie, de lutter contre la pauvreté et toute forme d’exclusion, de renforcer la solidarité sociale entre les générations en prenant des mesures urgentes pour sauver les systèmes de retraite avant qu’il ne soit trop tard », a dit SM le Roi. L’heure est donc à la mobilisation et à l’action et non à la multiplication des rapports et à l’organisation des journées d’étude et de réflexion. Ce sont-là des méthodes révolues. Car, un gouvernement doit avoir une vision et un projet de réforme concret qu’il défend et dont il assume la responsabilité au lieu de lancer à chaque fois « un appel d’offres » pour solliciter des idées et des solutions.