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Éditorial : Au-delà du voile

Pour faire parler de soi et ne pas être jeté aux oubliettes, rien de tel que de recourir à la provocation. Depuis qu’elle est porte-parole exclusif de son Cheikh de père, Nadia Yassine a pris l’habitude de faire sienne cette technique. Mais dans sa dernière sortie médiatique en date, elle a poussé le bouchon trop loin en déclarant que la fin de la monarchie est proche, tout en marquant sa préférence pour un système républicain. Ces propos lui ont valu d’être entendue par la police judiciaire sur ordre du procureur du Roi près le tribunal de Première instance de Rabat. Un dérapage à ajouter à d’autres commis par ceux qui confondent liberté et libertinage. Jusqu’à quand? En fait, les déclarations de ce genre, à l’emporte-pièce et d’une légèreté sidérante, renseignent davantage sur l’état d’esprit de son auteur. Le désarroi total sur fond d’amertume. La frustration de celui qui existe au lieu de vivre, qui subit le temps au lieu de le maîtriser car évoluant en dehors de son époque sans même entrevoir ne serait-ce qu’une petite perspective d’avenir. C’est le moteur qui fait réagir des personnes comme Nadia Yassine.
Elles tendent à regarder le pays à travers un prisme éculé pour ne pas dire plus. À partir de là, tout ce qui ne leur ressemble pas ou qu’elles n’arrivent pas à atteindre, elles le décrètent sale et infamant en sortant l’arme de la provocation dans une tentative de diabolisation de tout. C’est le discours développé par Nadia Yassine. Négative et nihiliste à sa manière, elle se dévoile à volonté. Rien ne trouve grâce à ses yeux. Ni les institutions du pays qu’elle voue aux gémonies, ni  le Parti de la Justice et du Développement (PJD) avec lequel Al Adl Wal Ihssane entretient, en fait, une relation d’attirance-répulsion. Au fond, ce parti incarne tout ce que l’association du Cheikh n’a pas pu être. Un parti légalisé et actif, qui tente de jouer un rôle politique dans le Maroc actuel.   
En vérité, il est des gens qu’il est plus intéressant de psychanalyser que de les faire parler. On ne sait plus si Nadia Yassine porte fidèlement la parole de son père ou fait sa propre politique, en cherchant à porter une robe manifestement trop grande pour elle. Ce qui est sûr, c’est que les membres de l’Organisation, à commencer par son porte-parole officiel Fathallah Arsalane, qui refusent de porter le chapeau de telles dérives, n’ont jamais vu d’un bon œil la fonction que Nadia Yassine s’est arrogée au nom de son père pour promouvoir médiatiquement son image de femme cultivée et moderne. Mais personne parmi la jeune garde du Mouvement, celle qui aspire à sortir d’une clandestinité devenue à la longue trop pesante n’ose contester ouvertement la démarche de la fille de Abdessalam Yassine. Certainement par peur de représailles de cette vieille garde qui verrouille et la parole et la machine du Mouvement dont elle a fait une sorte de secte arc-boutée sur une nuée de chimères. 

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