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Éditorial : Au nom de la liberté !

Il est certain que la guerre menée par la coalition américano-britannique contre l’Irak changera la donne internationale et donnera naissance à une nouvelle approche dans les relations et les équilibres mondiaux. Des organisations internationales sont menacées de disparition, des gouvernements risquent de tomber et des leaders qui s’éclipseront volontairement ou malgré eux.
Mais, au-delà des questions politiques qui s’imposent, vu la nature du conflit, un débat philosophique est en train de voir le jour essayant de répondre à toutes les contradictions entre les règles universelles de morale et de justice que le monde avait réussi à installer et l’immoralité de l’invasion militaire que les Etats-Unis et ses alliés sont en train de mener en Irak.
D’ailleurs, le comble de la contradiction réside dans le fait que tant les envahisseurs que les défenseurs de la paix invoquent les mêmes règles pour justifier leurs respectives positions. On constate donc que les Américains envahissent l’Irak au nom de la liberté et de la démocratie alors que de l’autre camp, on s’oppose à la guerre pour son atteinte à la liberté et au droit à l’autodétermination.
Alors que le plus grand perdant dans tout cela reste le peuple irakien qui observe, impuissant, comment on décide à sa place et l’on agit en son nom.
Elle est bizarre cette liberté que l’administration de Bush prétend offrir au peuple irakien. D’abord, elle le tue et après, elle le libère. L’aberration ne s’arrête pas à ce niveau puisque l’oncle Sam veut libérer les Irakiens en désignant un général de l’armée américaine à la tête de leur pays et qui se chargera de gérer leurs richesses et d’administrer leurs affaires. Pourquoi un militaire ? La réponse est simple, disent les Américains : "C’est pour qu’il puisse protéger la liberté des Irakiens durant l’après-guerre".
Dans le camp des opposants à la guerre, une autre absurdité est à retenir. Car, durant plusieurs mois avant le déclenchement de la guerre, certains pays du camp des forts avaient suscité un enthousiasme inédit chez les peuples du tiers-monde qui se félicitaient de cette solidarité inespérée avec l’un des leurs, le peuple irakien en l’occurrence. Et, ils ont tous applaudi ce geste amical. Mais, au fil des jours, et en voyant s’approcher la victoire des envahisseurs, ils ont commencé à fléchir dans leurs positions et l’instinct de l’intérêt individuel et égoïste a rejailli dans leurs veines et ils se sont sentis leurrés. Pour se rattraper, ils ont donc changé de discours.
Ainsi, dans une première phase, et après avoir été contre la guerre, ils ont dit qu’ils voulaient juste qu’elle soit courte. Ensuite, ils ont appelé à ce qu’il n’y ait pas de gouvernement étranger imposé aux Irakiens. Enfin, ils ne sont plus ni contre la guerre, ni pour la paix, ils veulent tous leur part du gâteau.
Maintenant, le conflit ne tourne plus autour de la question morale d’être pour ou contre la guerre. La question principale est "qui bénéficiera de cette guerre ?".

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