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Éditorial : Auto-assainissement

L’immunité parlementaire est de nouveau à l’ordre du jour à la faveur de la création imminente d’une commission dédiée à cette affaire suite à l’approbation d’une loi organique vers la fin de la session d’automne. Déjà, deux députés, l’un du FFD de Thami Khiari et l’autre de l’UD de Bouazza Ikken, sont dans le collimateur de la justice pour des affaires sujettes à caution. Les intéressés finiront-ils par répondre de leurs actes devant les tribunaux ? Une chose est sûre : la levée de l’immunité parlementaire a longtemps buté sur la résistance farouche des députés qui n’étaient pas prêts à ouvrir un front qui risque de leur être fatal.
C’est cette arrière-pensée qui a bloqué pendant plusieurs années l’aboutissement de la loi organique instituant la privation du député de son immunité au cas où il ferait l’objet d’une plainte.
Un principe pourtant consacré par la Constitution mais qui rime encore avec impunité si bien que nombre d’individus ont jeté leur dévolu sur la députation parce qu’elle a justement acquis la réputation d’être une protection infaillible : une fois élu, le député, sachant qu’il ne sera pas inquiété,se permet de donner des chèques sans provision et de commettre d’autres délits.
C’est cette image négative qui est appelée aujourd’hui à changer pour peu que les membres de la future commission de l’immunité parlementaire prennent leurs responsabilités dans le sens du respect strict de la loi indépendamment de tout autre considération.
Bien sûr, les députés mis en cause ne trouveront rien de mieux que de contester une procédure qui leur est défavorable arguant par exemple de l’hostilité à son encontre du président ou d’un membre de la commission. On ne s’y prendrait pas autrement pour maintenir le statu quo et vider la réforme de sa substance. La tentation est donc grande pour faire de cette commission un projet mort-né.
Or, il y a vraiment nécessité à réhabiliter l’image et le statut de député qui dans l’esprit des citoyens est un homme qui empile privilèges sur privilèges en violation de la loi alors qu’il existe des parlementaires qui font correctement leur travail sans chercher à en tirer un profit indu ni auprès de particuliers ni d’un quelconque autre organisme privé ou public. En un mot, l’institution législative a besoin de voir sa crédibilité rétablie aux yeux de tout le monde, aussi bien de la population que du gouvernement. Ceci passe par le nettoyage des rouages de l’hémicycle des brebis galeuses. Une action d’auto-assainissement salutaire.
C’est à ce prix que la politique au Maroc en général gagnera ses galons et arrivera à obtenir le prestige qu’elle n’a en vérité jamais eu. Le Maroc nouveau est différent de l’ancien en ce sens où les députés et les hommes politiques ont aujourd’hui plus qu’hier l’occasion de montrer qu’ils ne sont pas des godillots rompus seulement à la politique de la claque. Le vent de démocratie et de liberté qui souffle sur le pays, les partis sont invités à l’utiliser à bon escient par le sérieux dans le travail et la clarté dans l’engagement.

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