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Éditorial : bidonvilles en hauteur

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Le logement économique est-il synonyme au Maroc d’habitat de façade ? Est-ce parce que son prix est modique qu’il doit être construit selon les lois de la triche en tout ? Triche dans les matériaux, triche dans les plans, triche dans l’exécution des travaux ?
Les fraudes  ne sont révélées au grand jour que lorsque des maisons neuves s’écroulent sur la tête des habitants. À Casablanca, des accidents de ce genre ne sont pas rares notamment dans les quartiers périphériques.
Mais ces drames ne tirent pas à conséquence. On ne sévit pas pour l’exemple. Complaisance et laxisme à tous les étages encouragés par la dilution des responsabilités là où il faut édicter des normes de construction claires et veiller surtout à les faire respecter sous peine de sanction quel que soit le contrevenant. Quand les normes anti-sismiques ne sont pas vraiment observées, qui en est responsable ? Quand les matériaux de construction ne sont pas réglementaires, qui doit rendre des comptes ? Le bureau d’études, l’architecte, la commune, l’agence urbaine, le promoteur ou le chef du chantier ? Une foule d’intervenants. Mais dans pareil contexte, personne n’est responsable. Dans ces conditions, on comprend aisément la résistance farouche des élus devant la nouvelle loi sur l’urbanisme, toujours en instance de discussion devant le Parlement, qui tend à responsabiliser tous les acteurs et à criminaliser les dépassements dans ce domaine. 
En attendant, le logement économique, devenu un créneau juteux dans un pays qui veut en finir avec les bidonvilles, attire de plus en plus de promoteurs immobiliers qui ne sont pas tous des professionnels sérieux et rigoureux. Mais il ne faut pas que cette volonté de permettre aux populations pauvres d’accéder à un toit décent s’accommode de tout et de n’importe quoi. Le tout-venant immobilier est en train de faire des dégâts dans nombre de villes marocaines. Disons-le franchement, nombre d’immeubles dits économiques sont des catastrophes. En plus de la triche dans les matériaux et les imperfections de tout genre, il existe d’autres problèmes non moins sérieux liés à l’absence des issues de secours, des bouches d’incendie et à l’étroitesse des paliers et des escaliers.  À bien des égards, ces colonnes en béton, qui ne voient pas la lumière du jour à cause de fenêtres de la taille d’une boîte d’allumette, ressemblent à des bidonvilles en dur construits en hauteur où survit une énorme concentration de population au mètre carré. Plus grave encore, ici, les équipements et les infrastructures sont souvent inexistants.   
Qui se soucie de tout cela ? Certes, les pouvoirs publics voient dans ce type d’habitat une alternative aux constructions anarchiques. Mais le remède peut s’avérer parfois pire que le mal en l’absence d’une vision d’avenir.

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