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Éditorial : Chantage

La Fédération nationale des syndicats des transporteurs routiers du Maroc menace à nouveau de faire grève le 26 juin en guise de protestation contre la pression fiscale ( taxe à l’essieu, TVA…) qui pèse sur leur activité. Pour éviter une nouvelle paralysie, le ministre de tutelle a accepté de répondre à une bonne partie des revendications de cette association entrée dans une compétition malsaine avec la Fédération nationale du trasnport des voyageurs dont le comportement est jugé plus sérieux.
Ce n’est pas indécent de défendre les intérêts de son secteur. Bien au contraire. C’est même légitime. Mais la manière dont la fédération des syndicats des tansporteurs s’y prend a quelque chose qui dérange car  mâtinée de chantage. Soit vous répondez à nos conditions, soit nous bloquons la machine comme nous l’avons fait, il y a quelques semaines. En effet, ce débrayage, qui, dans l’esprit de ses auteurs, équivaut à une démonstration de force, a pénalisé surtout les usagers pendant deux jours, n’ont pas pu vaquer à leurs occupations, créant une situation de désordre dans nombre de villes du pays.
Et puis, quand il s’agit de négocier, il faut poser sur la table l’ensemble des problèmes pour une mise à plat franche et complète. La revendication ne doit pas seulement être à sens unique, du côté des mêmes protagonistes, comme c’est le cas jusqu’ici. Le transport routier marocain, à quelques rares exceptions, se trouve confiné depuis plusieurs décennies dans un état catastrophique et indigne. Véhicules déglingués et polluants, confort inexistant et degré zéro de sécurité. Révoltant.  Avec une réalité aussi noire, on a le droit de faire preuve d’un minimum de décence.  Les pouvoirs publics doivent se défaire de leur laxisme pour ouvrir ce dossier qui touche directement le voyageur et obliger les entreprises concernées à se conformer à un cahier des charges dans ce domaine. Il est en effet inadmissible de continuer, dans l’indifférence générale, à transporter des gens dans des engins dangereux qui ne respectent ni l’environnement ni la personne humaine. Ce n’est pas normal que l’on donne de surcroît une prime à la médiocrité à ceux qui ne font aucun effort pour remplir leur part du contrat et respecter la loi.
En somme, l’État est appelé à faire preuve de fermeté envers les promoteurs du transport routier pour fournir à leurs clients des prestations de qualité. Et s’ils en sont incapables ou ne veulent pas, il appartient alors aux pouvoirs publics de réagir pour trouver la solution: favoriser l’émergence d’un transport routier public aux normes afin de ne plus être à la merci d’une poignée d’irresponsables qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels dans une volonté de rouler le pays au lieu de rouler correctement. Et ce ne serait qu’un recentrage de l’État sur une de ses missions régaliennes. En tout cas, le résultat est là : la libéralisation de ce secteur stratégique, en dehors de tout contrôle sérieux, à coups d’agréments et de concessions a débouché sur un vrai désastre.

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