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Éditorial : Courage réformateur

Quand un ménage connaît une mauvaise passe financière, il se livre, résigné, à un exercice de gymnastique fait de coupes drastiques sur les postes qui lui semblent moins prioritaires. C’est, toutes proportions gardées, un peu le cas de l’argentier du Royaume avec son projet de loi de Finances 2005 qui s’annonce sous le signe de la disette. Certains départements ministériels, c’est la première solution qui vient à l’esprit, verront-ils leur budget tourner à la soustraction ?
Car il faut bien payer l’addition de l’imprévoyance financière du gouvernement Jettou qui a ouvert ces derniers temps plus que de raison les vannes des dépenses. Augmentation de la masse salariale des fonctionnaires au point qu’elle a atteint le chiffre alarmant de 14 % du PIB, pression énorme sur la Caisse de compensation du fait notamment de l’affolement des prix du brut et le lancement pour 11 milliards de Dhs hors budget des bons du Trésor pour absorber le déficit des caisses de retraite… Dans ces conditions, le gouvernement aura fort à faire pour ne pas laisser filer le déficit budgétaire au-delà du seuil psychologique de 3% exigé par les institutions financières internationales.
C’est une véritable équation complexe qu’affrontent donc les faiseurs du budget de l’État à un moment où les recettes des privatisations s’amenuisent d’année en année et les dépenses prennent de plus en plus de place dans le portefeuille de l’État.
Résultat : le budget de l’investissement public risque fortement d’être revu à la baisse ou à tout le moins de stagner alors que le pays a besoin de gros efforts en matière d’infrastructures et d’équipements pour asseoir son développement Tout porte à croire que ces difficultés budgétaires seront plus prégnantes pendant les années à venir si les pouvoirs publics ne s’attèlent pas d’urgence aux réformes structurelles nécessaires et à même de pérenniser et de diversifier les ressources de l’État.
En tête de ces réformes, figure l’impôt qui reste la source principale du Trésor public. L’objectif étant d’arriver à élargir l’assiette fiscale et à faire en sorte que le contribuable dans sa totalité s’acquitte de cette obligation qui fait qu’une société ou un individu mérite réellement la qualité de citoyen. Solution qui doit pouvoir être mise en oeuvre réside dans l’exigence, comme cela se fait ailleurs, de produire, au même titre que les autres documents, la feuille d’impôt en vue de l’obtention de tout papier ou autorisation administratifs. Or, beaucoup d’entreprises continuent à passer à travers les mailles de l’imposition, profitant des failles d’un dispositif poreux qui permet toutes les fraudes. Au lieu de continuer à gérer la pénurie et les contradictions sur un mode obsolète, c’est ce courage réformateur, visant à la fois d’augmenter les recettes fiscales et d’introduire un peu d’équité dans ce domaine, qu’on est en droit d’attendre d’un gouvernement.

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