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Éditorial : Déchirement

Plus de trois mille ressortissants marocains vivent en Côte d’Ivoire. Un pays africain secoué et déstabilisé par des évènements d’ordre interne, comparables à la situation dans nombre de pays du continent noir et dont les causes vont des luttes ethniques aux fractures entre divers centres de pouvoir ; de la crise économique et financière à l’exacerbation des impatiences ; des interférences étrangères de toutes sortes à l’exploitation des ressources naturelles de manière chaotique ; de la mauvaise gestion de l’héritage d’une embellie considérée comme exceptionnelle sur le continent au retour de vieux démons du sous-développement…
Quoi qu’il en soit, le pays est actuellement en prise avec l’une des crises les plus graves de son histoire et la situation est jugée de toutes parts explosive. Même les espoirs suscités par l’accord de Marcoussis, sous la houlette de la France, semblent faire long feu du fait de la descente dans d’un grand nombre de manifestants qui contestent ces accords, avec la complicité plus ou moins tacite de la présidence de la République en place.
Les Marocains qui vivent là-bas expriment à la fois leur légitime inquiétude et leur désolation de voir ce pays où ils ont choisi de vivre, depuis une longue période pour certains d’entre eux, tanguer de manière aussi dangereuse et s’approcher chaque jour un peu plus du bord du précipice. Ce sont des commerçants, des hommes d’affaires, des employés d’entreprises nationales et étrangères, des travailleurs, des diplomates, et des familles entières qui avaient appris à vivre avec les gens du pays et qui avaient tissé mille liens avec cette terre généreuse et ses populations accueillantes.
À l’instar de centaines d’autres ressortissants étrangers, les Marocains de la Côte d’Ivoire sont amenés à prendre la douloureuse décision de quitter le pays pour des raisons de sécurité. Dans un premier temps, ce sont surtout les familles qui sont évacuées, vers le Maroc ou vers des pays européens. Pour beaucoup, il s’agit d’un véritable déchirement. C’est le cas notamment pour les commerçants et hommes d’affaires obligés de renoncer à leur habitation et à leurs biens, fruit de longues années d’expatriation et de labeur.
Du côté de la diplomatie marocaine et des pouvoirs publics, c’est quasiment l’indifférence qui prévaut. Quand ce n’est pas le règne de la routine et de l’expédition des affaires courantes et de la banale administration bureaucratique des affaires de ces ressortissants inquiets.
Aucun dispositif particulier n’est mis en place pour se préoccuper du sort de ces citoyens, ni pour dispenser les informations nécessaires sur leur véritable situation, ni pour les mettre à l’abri en cas de dégradation rapide de la situation comme le laissent craindre les échos relayés par les médias.
Le cas des Marocains de la Côte d’Ivoire n’est malheureusement pas isolé. Tout le monde sait que l’ensemble de la communauté marocaine expatriée se plaint de l’indigence des services sur lesquels elle peut compter de la part des institutions de leur pays. Ils en font tous l’amère expérience lorsqu’ils sont frappés par le malheur des accidents de la vie, d’un deuil qui les contraint à rapatrier une dépouille mortelle, de déboires avec la justice ou de conflits d’ordre administratif ou commercial. C’est peut-être là l’un des plus grands chantiers de la modernisation de la diplomatie marocaine, toujours en projet.

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