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Éditorial : Esprit du 6 novembre, es-tu là ?

Un élan particulier soulève tout Marocain en regardant les images de la Marche Verte sur fond de ce bel chant patriotique à la gloire du Sahara marocain. Images respirant sincérité et simplicité, dévouement et spontanéité. Le pas déterminé, la tête haute, armés du Coran et du drapeau national, unis autour du Roi, les marcheurs issus de différentes régions du pays ont libéré pacifiquement et symboliquement les territoires du Sud, franchissant la frontière factice les séparant de la mère-patrie à cause de la colonisation espagnole. Une leçon.
Que reste-t-il aujourd’hui de l’esprit de cette épopée du 6 novembre 1975 ? Une chose est sûre : les commémorations doivent servir moins pour céder à la tentation de l’autosatisfaction que pour trouver des motifs nouveaux de croire et de travailler pour un avenir meilleur.
Les valeurs de patriotisme et de sacrifice qui ont imprégné cette manifestation grandiose, le Maroc actuel en a fortement besoin pour engager et encadrer d’autres marches similaires. Des marches non moins cruciales vers le progrès et le développement économique et social. L’élan du 6 novembre, qui a révélé à la face du monde un Maroc solidaire, brave et réactif, doit être réactualisé pour ne pas dire ressuscité en vue de relever les défis nombreux qui assaillent le pays de toutes parts. Difficile de savoir si ce souffle est toujours vivace chez les Marocains ou bien s’il s’est avachi avec des temps devenus de plus en plus difficiles. Car, depuis cette date-clé de l’Histoire du Royaume, aucun grand projet mobilisateur, concret et réalisable, à la mesure de la Marche Verte, n’est venu réellement mettre de nouveau à l’épreuve leur flamme citoyenne et sortir la nation de ce défaitisme qui l’enveloppe comme un halo malsain .
Tout se passe comme si tout le monde préférait le confort de l’immobilisme au courage des grandes causes. En effet, pas de grand chantier pour faire rêver réellement les citoyens, qu’ils soient nantis ou moins nantis, rien ou presque dans le marasme ambiant ne les fait vibrer à l’unisson, rien ne les invite à se passionner… Résultat, chacun formule des voeux assis dans son petit coin. Le paumé de Khouribga pour émigrer en Europe à bord d’une patera au risque de sa vie, l’exportateur des navets pour que la Loi de finances accorde à son secteur d’activité une petite carotte fiscale, le riche pour que son enfant soit admis dans une grande école de commerce à l’étranger et le vendeur ambulant pour qu’il ne pleuve pas… Mais ces souhaits en solo et ces attentes personnelles n’avancent pas la situation d’un pays.
Les raisons de cet égocentrisme, il faut certainement les chercher du côté de l’attitude de ceux qui sont censés offrir une part de rêve dans leur programme.
Au Maroc, l’un et l’autre sont en panne. Ni rêve, ni programme. Malgré les appels incessants du Souverain pour revivifier le génie des révolutions comme celles du 6 novembre et du 20 août, rien n’y fait. Des partis politiques toujours désemparés sans aucune prise sur la réalité, un gouvernement atone qui donne l’impression d’expédier les affaires courantes, des syndicats enlisés dans des conflits qui ont peu à voir avec les intérêts de la classe ouvrière, des secteurs économiques plus sur la défensive à cause d’une mondialisation rampante…
Quand l’offre de rêve est inexistante, c’est le chacun pour soi qui règne en maître au détriment de la collectivité. L’incivisme bat son plein, l’intérêt général est battu en brèche par les opportunismes de tout acabit et les vrais enjeux se perdent dans les méandres de la langue de bois et de la phraséologie qui ne parle pas aux gens. À quand le sursaut?

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