Le PJD a lancé récemment une initiative en relation avec l’affaire des provinces du sud. Une conférence internationale sur le Sahara marocain. En prenant les devants, les islamistes légalisés répondent à l’appel royal contenu dans le dernier discours de la Marche Verte où il a annoncé une consultation future sur la question avec les partis politiques. L’initiative des amis de Saâd Eddine Al Othmani, sans préjuger de sa pertinence ou de son succès, est une fausse-bonne idée qui sort le dossier de l’unanimité nationale et exposerait le pays à des recommandations pas forcément à son avantage.
En fait, la cause nationale, au vu de la situation à Laâyoune et de l’offensive sans précédent du Polisario, a besoin surtout d’une reformulation de l’action et du discours publics en vue de les adapter à la nouvelle donne. En un mot, il s’agit d’inventer une doctrine à même de faire face aux pulsions indépendantistes désormais affichées au grand jour et apparemment tolérées.
La provocation récurrente de la police par une poignée d’éléments à la solde du Polisario procède d’une vieille technique qui vise à mettre les forces de l’ordre dans la position de l’agresseur et partant à gêner les autorités du pays sur le plan international. Objectif inavoué : présenter ces dernières sous les traits d’une force d’occupation. Il ne faut pas tomber dans ce piège.
Après la libération des derniers prisonniers marocains de Tindouf au mois d’août dernier, le Polisario tend à réorienter sa propagande à l’intérieur de Laâyoune en se réclamant de quelques activistes qui défient la police avec les images des scènes d’affrontements diffusées à grande échelle. Dans cette affaire, le Maroc donne jusqu’ici l’impression de subir les événements au lieu les gérer.
Certes, le Royaume n’envisage pour cette partie du territoire qu’une autonomie sous souveraineté marocaine. En dehors de cette solution politique, point de négociation alors que les séparatistes réclament un référendum. Une divergence de vue entretenue par l’Algérie deAbdelaziz Bouteflika.
En attendant, il est primordial de travailler sérieusement sur une politique de normalisation au Sahara ( qui a trop tardé) dont les villes doivent connaître le même type de développement que ses consoeurs du pays. L’agence du sud, forte d’un budget de plus de 7 milliards de Dhs, a les moyens d’être un outil privilégié en la matière pour rompre de manière efficace avec les pratiques du passé consistant à accorder des privilèges à une poignée de notabilités. Rien ne justifie aujourd’hui le maintien d’un statut d’exception qui a généré une culture qui s’est avérée in fine contre-productive sur tous les plans.
Une bonne gouvernance suppose aussi d’agir sur le réel au Sahara en s’intéressant particulièrement à des zones comme Dakhla qui justifient d’un fort potentiel de développement de nature à créer la richesse pour l’ensemble de la région.