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Éditorial : La belle planque

En décidant enfin de lancer une chasse contre ce que certains appellent les “Fonctionnaires fantômes“ tapis dans l’Administration, le gouvernement revient à un principe très simple, celui de la fermeté et du réalisme. L’erreur commise c’est que le Premier ministre, dont la volonté réformatrice commence du reste à prendre forme, a cru que la réduction des effectifs d’une Administration pléthorique et peu efficace sur la base du volontariat peut le dispenser de prendre le problème à bras-le-corps en s’attaquant de front au phénomène de l’armée des Fonctionnaires qui vit depuis des années aux dépens du contribuable, sans même prendre la peine de faire le travail pour lequel elle est rétribuée. Justement, la décision gouvernementale d’utiliser la manière forte dans le dégraissage de la Fonction publique peut se lire autrement. Elle pourrait traduire un certain échec de l’opération des départs volontaires en ce sens qu’elle n’a suscité que l’engouement des cadres supérieurs et peu d’intérêt de la population-cible.
Pour ne pas compromettre les chances de cette opération, il fallait donc anticiper : prendre le taureau par les cornes et poser le problème dans ses véritables termes au lieu de continuer à louvoyer au risque d’essuyer une autre déconvenue. En effet, le volontariat n’est pas suffisant. Il ne suffit pas de décréter la réduction de la masse salariale de la Fonction publique alors que la réalité de l’Administration marocaine est trop complexe pour que cela marche comme sur des roulettes. L’exécutif vient de s’en rendre compte à quelques mois de la fin de l’opération Boussaïd.
C’est un secret de polichinelle. Les “Fonctionnaires fantômes“ peuplent toutes les Administrations et tous les ministères, notamment l’Education nationale et les collectivités locales. Chaque département ministériel ou service a tout loisir de reconnaître les siens. C’est un héritage des gouvernements qui se sont succédé au Maroc depuis plus de quarante ans. Une certaine époque caractérisée par le clientélisme à tout crin et où la Fonction publique, perçue comme une vache à lait généreuse et jamais grincheuse, distribuait à tour de bras des salaires aux sans-emplois pistonnés, aux fils de privilégiés, aux cousins des ministres, aux femmes de hauts Fonctionnaires et aux neveux des chefs de partis… N’importe qui, qui avait le bras long dans ce pays et un ami ou membre de la famille à caser, il l’expédiait à cette pauvre Administration. Ce qui est scandaleux c’est que ces “recrues“ se croient tellement supérieures aux autres qu’elles ne se rendent même pas à leur “travail“. Mieux, certaines d’entre elles continuent à toucher leur salaire alors qu’elles sont installées à l’étranger.
C’est comme ça qu’on a tué la Fonction publique qui croule aujourd’hui sous plusieurs centaines sinon milliers de contingents de bras cassés sans formation ni conscience. Facteur aggravant, l’Administration version marocaine ne connaît que l’input, point d’output. On y entre, mais, on en sort jamais. La belle planque. C’est cette mentalité qu’il faut d’abord casser de telle sorte que la Fonction publique devient un pôle d’excellence qui attire les cadres de valeur et non les médiocres. Vaste programme.

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