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Éditorial : la Cité interdite

A un moment où le pays se mobilise tous azimuts pour la lutte contre l’habitat insalubre, voilà que certains actes viennent brouiller l’image de cette belle dynamique. D’un côté, S.M le Roi Mohammed VI œuvre d’arrache-pied pour reloger les habitants des bidonvilles et de l’autre on déloge d’autres pour des raisons plus ou moins claires. C’est ce qui est en train d’arriver à la Cité de l’air dans la préfecture de Hay-Hassani à Casablanca où le fond de l’air est à la tension. Ici, pas moins de 70 familles dont les chefs travaillaient au centre de la météorologie avoisinant sont sommés par un arrêté judiciaire  de quitter les logements de fonction suite à une plainte de l’ONDA, propriétaire de la Cité de l’Air. Entre la date du jugement et l’intervention de la force publique s’est écoulé très peu de temps alors que d’habitude les procédures  de ce genre s’enlisent et s’éternisent. Là, la machine à déloger s’est vite mise en branle pour les habitants en question.
Évacuation manu militari de quelques familles à grands renforts de policiers et  changement de serrure des portes des maisons. Résultat : la plupart des victimes n’ont même pas eu le temps de prendre leurs affaires et en guise de protestation se sont organisées en sit-in avec femmes et enfants aux abords de leurs domiciles qui leur sont désormais interdits. Résignation mâtinée d’incompréhension dans le regard de ces petites gens.  Une  banderole est accrochée contre le mur où on peut lire en grandes lettres : “les habitants de la Cité de l’air appellent au secours S.M le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste pour lever l’injustice qui s’est abattue sur eux“. Voilà, des familles impuissantes sont jetées dans la rue sans aucun ménagement. Sans aucune considération pour leur situation sociale. Elles avaient un toit, elles ne l’ont plus aujourd’hui. Bonjour détresse.
S’étendant sur plus de 300 hectares, la Cité de l’air  est l’une des rares réserves foncières qui restent à Casablanca. Les demeures des 70 familles sont construites sur une partie de ce gigantesque terrain. On parle d’y ériger un nouveau pôle urbain en partenariat avec des investisseurs du Golfe. Sans autre précision. Va pour le projet. Mais il aurait fallu d’abord prendre le soin de reloger les familles concernées au lieu de les mettre dehors comme des malpropres. Les autorités de Hay-Hassani n’ont pas veillé à cela. Bien au contraire,  elles ont  créé un autre problème social là où il convenait de le résoudre de manière à respecter la dignité des personnes. Pour calmer les délogés, elles  ont promis après coup de leur trouver quelque chose chez un promoteur contre une avance à débourser par les candidats eux-mêmes !
En attendant, le problème est toujours posé. Le sort des 70 familles reste inconnu. Et si elles se transformaient en boucliers humains dans l’espoir d’empêcher l’opération de démolition, va-t-on tout de même faire marcher les bulldozers?                      

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