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Éditorial : La génération IER

Dernière ligne droite pour l’Instance Équité et Réconciliation (IER) qui va livrer un rapport préliminaire à la fin du mois de juin. Un document fondateur d’une nouvelle époque où sera consigné le bilan circonstancié de cette structure qui a fait aboutir dans nombre de villes du pays une série d’auditions publiques sur les années de plomb.
D’ores et déjà, on peut dire que, par son travail de mémoire, l’IER a contribué grandement à tourner, après l’avoir lue, une page sombre de l’histoire du Royaume. Refusant malgré les injonctions d’une certaine bien-pensance marginale pour qu’ils jouent le rôle d’un tribunal en autorisant les témoins à livrer les noms de leurs tortionnaires au risque de tomber dans de fausses accusations, les hommes de l’IER n’ont pas dévié de la feuille de route qu’ils se sont fixée depuis le début. “L’IER n’a pas le droit de réparer une injustice par une autre injustice“, arguait à raison le président Driss Benzekri, lui-même ancien détenu politique, qui a tenu bon en dépit des attaques sournoises émanant souvent de ses amis d’hier, l’accusant d’avoir tourné casaque. Les nihilistes, comme à leur habitude, n’ont ménagé aucun effort pour discréditer ou minimiser le travail de cette instance qui, tous comptes faits, a beaucoup de mérite.   
En fait, il faut avoir la foi du charbonnier et une détermination inébranlable pour conduire une mission aussi lourde et salutaire visant à réconcilier les Marocains avec leur passé. Plus consciente que jamais de cet enjeu, l’IER a essayé de creuser son chemin sillon par sillon. Il convient de souligner que son action n’a pas été toujours facile. Surtout à El Hoceïma où il fallait, à la faveur de cette parole retrouvée, affronter l’agitation d’une poignée d’individus qui ont voulu transformer la séance d’auditions publiques en une foire d’empoigne en l’écartant de son objectif réel.
L’IER n’a qu’un seul regret : son travail n’a pas eu le traitement médiatique qu’il méritait alors que, dans d’autres pays qui ont connu une expérience similaire, celle-ci a bénéficié d’une couverture digne des grands événements.
Sans conteste, l’IER en est un. Et elle restera dans les annales comme une opération qui, grâce au courage et à la perspicacité de S.M le Roi Mohammed VI, a permis aux Marocains de regarder leur passé en face et d’exorciser leurs démons dans une véritable thérapie collective. Indifférents aux gesticulations de l’adversité, Driss Benzekri et ses collaborateurs réfléchissent déjà à l’après IER. Comment contribuer sérieusement à forger une opinion qui tienne compte de cette démarche de vérité sur une période délicate du Maroc. Une chose est déjà sûre : il y a bel bien une spécificité marocaine en la matière. Le Royaume a pris résolument le parti de la réconciliation là où d’autres, qui ont connu des atteintes aux droits humains, n’ont ni dit ni écrit leur histoire.

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