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Editorial : La justice reprend ses droits

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La justice a triomphé à Tétouan quand , pour une fois, elle n’a pas été rendue selon la tête du client. Ce sont plutôt des clients à fortes têtes qui ont été épinglés par une justice qui a repris tous ses droits. C’est un signe de bon augure pour un Etat de droit dont les mécanismes ont été longtemps rouillés par un laxisme morbide aggravé par une impunité meurtrière. Il a fallu attendre le traumatisme du 16 mai pour découvrir l’ampleur des dégâts d’un mal sociétal de plus en plus endémique. Depuis, le Souverain a repris personnellement les choses en main pour désigner les failles, mettre à nu leurs auteurs et remettre chacun devant sa responsabilité. La grosse prise de Tétouan avec ses narcotrafiquants et surtout leurs complices de la police, de la magistrature, de la gendarmerie et de la douane, constitue une révolution de la justice. Personne n’est au-dessus de la loi. C’est la conséquence directe d’un discours Royal hautement significatif qui a touché de plein fouet tous les responsables, du ministre jusqu’au caïd. Ceux-là mêmes qui osent enfreindre la loi qu’ils sont censés faire respecter. L’onde de choc de ce discours a fini par emporter, tel un ouragan, des contrôleurs généraux de la police, des cadres de la gendarmerie, voire des magistrats. Mohamed Bouzoubaâ a le droit d’être satisfait car ce juriste militant a le mérite amplement pour avoir redonné confiance à une justice en mal d’être. La justice devait triompher car elle est le pilier du pouvoir, la force de l’autorité de l’Etat, le vecteur de la démocratie et l’ennemie des disparités sociales. Tout est tributaire d’une justice juste : élections transparentes, élus honnêtes, pouvoirs publics rigoureux, gestion publique contrôlée, incitation à l’investissement et, par conséquent, croissance soutenue. Sauf que l’opération de Tétouan ne devrait pas être circonstancielle car le trafic de tous bords et la corruption sont ancrés partout dans notre pays. Les bidonvilles n’ont pas poussé tout seuls. Il en est de même quant à l’enrichissement illicite d’une minorité aux dépens d’une majorité de la population. Ces disparités criardes cultivent un sentiment d’injustice chez les démunis qui finissent par tomber dans le piège de toutes les dérives extrémistes. Dans le pays des contrastes, l’ostentatoire d’origine illicite a toujours côtoyé et nargué la misère sans que la justice s’en mêle. C’est pour cela que l’on devrait se réjouir de l’enquête ordonnée par le ministre de la Justice à l’encontre des magistrats incriminés, pour connaître l’origine de leur fortune. Pour instaurer plus de justice, il serait intéressant de généraliser cette enquête à d’autres magistrats, à des cadres de la police, à des gradés de la gendarmerie et de la douane. Il est certain qu’on découvrira le pot aux roses qui expliquera comment un Mokaddem dont le salaire n’atteint même pas le SMIG puisse être propriétaire de plusieurs maisons et autres biens. Il n’est pas étonnant qu’après le coup de filet de Tétouan, les membres de familles des agents d’autorités véreux, vont se retrouver avec des biens qui ne leur appartiennent pas. La justice fait peur aux lâches. C’est un bon présage.

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