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Éditorial : La mafia du foncier

S’il est un secteur où le Maroc a accumulé les scandales et un retard énorme c’est bien celui du foncier public. La multitude des propriétaires, ministère des Habous, Eaux et Forêts, Domaine maritime, Domaine public, complique davantage le problème. À ces entités étatiques s’ajoutent les terres Guich, celles de Jamaât Soulaliya et les terrains communaux. Un véritable embrouillamini qui a engendré beaucoup de conflits récents et anciens entre les différents acteurs qui peuplent les différentes juridictions du pays.
L’enquête ci-contre sur la gestion du foncier à Sidi Rahal est édifiante. On voit comment des élus disposent de terrains à leur guise en invoquant des arguments d’utilité publique tout en escamotant les vrais arguments, sonnants et trébuchants. C’est connu, quand il s’agit de terrain à céder ou à lotir, les appétits s’aiguisent et l’argent coule à flots.
Cette situation inextricable a donné lieu à des abus et des fraudes à grande échelle. Profitant de cette confusion foncière, les communes ont souvent fait main basse sur des terrains qui ne leur appartiennent pas. La procédure des expropriations n’a pas été souvent utilisée à bon escient et nombre d’expropriés dans nombre de régions, jamais indemnisés à cause de la lenteur de la machine. Là aussi, c’est le recours à la justice qui prévaut. Dans un pays où la terre est entourée d’une sacralité particulière, toutes les transactions sont possibles y compris celles qui sont effectuées à la lisière de la loi. C’est un secret de polichinelle, s’il est un secteur où des fortunes colossales ont été bâties c’est bien dans le foncier qu’il soit en déshérence ou non. Sous l’ancien système, on a abusé de plusieurs techniques pour s’enrichir facilement. Par le simple rachat, par exemple, à un prix modique, grâce, bien entendu, au délit d’initié, de plusieurs hectares situés en milieu rural, qui valent ensuite des milliards une fois intégrés dans le périmètre urbain.
Des opérations de passe-passe pareilles et hautement juteuses ont eu lieu partout, à Marrakech, Fès, Rabat et surtout à Casablanca… Sans oublier le phénomène de la spéculation qui fait toujours rage. Ce qui a eu comme conséquence de renchérir dans des proportions ahurissantes le prix du foncier et par conséquent du logement.
Les pouvoirs publics sont appelés aujourd’hui à mettre de l’ordre dans le patrimoine foncier de l’État. Ce n’est pas normal que l’on continue à gérer cette richesse selon des méthodes archaïques et opaques qui datent d’un autre âge. Surtout que le Maroc, qui a mis l’investissement et l’habitat au coeur de sa politique de développement, a besoin de disposer d’un instrument souple en la matière. Pour cela, un seule solution plusieurs fois ressassée, la création d’une réserve foncière où seront versés tous les terrains appartenant à l’État. Une réforme foncièrement capitale qui s’impose en vue de moderniser l’accès au foncier et de changer le rapport des Marocains à la terre.

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