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Éditorial : La revanche de la sardine

Le pélagique est devenu subitement porteur pour les armateurs marocains qui, il n’y a pas longtemps, crachaient sur cette pêcherie, préférant investir dans le poulpe. Cette ressource, qui rapporte gros, se faisant de plus en rare en raison de sa surexploitation, certains professionnels de la pêche hauturière ont commencé depuis quelques années à se rabattre sur la pauvre sardine dont la bio-masse est, semble-t-il, très féconde notamment dans les provinces du Sud.
C’est la ruée vers l’or. Ce poisson populaire est tellement disponible en quantités phénoménales que le surplus dont on ne sait quoi faire, sert toujours à des activités sous-valorisantes comme la farine du poisson.
C’est pour réduire du poids de cette pratique et permettre une valorisation de cette espèce que le ministère de tutelle a mis récemment en place une circulaire interdisant le débarquement des prises au port de Dakhla. Cette mesure n’était pas du goût des “fariniers“ de Laâyoune notamment qui ont dénoncé une décision injuste. Normal, elle ne sert pas leurs intérêts. Il est vrai que la situation des sardiniers n’est pas de nature à favoriser une conservation instantanée des prises par leur maintien autour d’une température qui n’excède pas les deux degrés. Résultat : sur 70 tonnes de sardine pêchée, seule une dizaine, en l’état actuel des choses et en raison de sa fragilité, peut être valorisée. Le reste est récupéré par les fariniers. Ce gâchis est une aubaine pour ces derniers. Le changement de la donne passe nécessairement par la mise à niveau de la pêche côtière et la modernisation de sa flotte. C’est la condition sine qua non pour que le poisson, qu’il soit pélagique ou autre, ait la cote non seulement sur nos côtes mais aussi ailleurs.
Or, l’insuffisance et la vétusté des outils de pêche ne doivent plus être considérées comme un prétexte qui ne sert finalement qu’à maintenir un statu quo se traduisant par l’absence de valeur ajoutée des produits de la mer.
Pour que la sardine s’exporte mieux et plus- ce qui n’est pas encore le cas- il faut qu’elle soit de qualité. Par les temps qui courent, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de vendre à l’étranger une sardine dont la traçabilité, conditions de pêche et état du bateau, n’est pas définie avec précision. Même les conserveries doivent désormais sacrifier au même processus pour espérer attaquer les marchés extérieurs. C’est cela la mondialisation.
Alors arrêtons de sous-vendre les richesses halieutiques nationales. Arrêtons d’être des petits rentiers qui ne pensent qu’à leur gain personnel alors qu’il est possible de faire émerger une vraie industrie avec des retombées encore plus importantes pour l’économie nationale. Dans ce sens, le ministère de tutelle est appelé à finaliser au plus vite le plan d’aménagement du pélagique. Un plan qui ne doit pas seulement réglementer les quantités des prises selon une vision de partage du gâteau, mais aussi et surtout définir un cahier des charges pour les entreprises du secteur en termes d’investissements et d’équipements.

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